L’année dernière, le cinéaste philippin Raya Martin nous avait ‘traumatisé’ avec « Now Showing », mais cette année avec « Independencia, nous comprenons mieux en quoi ce jeune réalisateur suscite de grandes promesses…
Présenté à la Quinzaine l’année dernière, Now Showing du même Raya Martin m’avait traumatisé d’un point de vue cinéphile : 4h50 d’un métrage vide de tout sens et absolument irregardable. Une petite appréhension bien légitime m’accompagnait au moment de pénétrer dans la salle pour la projection d’Independencia.
Nous avons là à faire à la complète antithèse de Now Showing, à savoir un film concis (1h10), merveilleux visuellement, et par certains égards hypnotique. Le sujet du film est contenu dans le titre. Il est question du conflit qui divisa les Philippines mais ce contenu est impalpable tant le film est avant-tout chargés de symboles.
Dans son esthétique, quasi exclusivement en noir et blanc, Independencia nous rappelle le chef d’oeuvre chinois de Jiang Wen Les Démons à ma porte. Les deux films évoquent plus ou moins directement des conflits intérieurs et se rejoignent donc aussi de ce point de vue là, bien qu’au final les films soient très différents.
Independencia est assez fascinant à découvrir. L’esthétique un peu particulière du film nous laisse à penser qu’il a été tourné entièrement en studio, d’ou une impression mélangée de carton-pâte et de réalisme et qui est tout à fait plaisante. La photographie en noir et blanc est elle même assez fascinante.
Le film attise aussi la curiosité par le caractère légèrement saccadé de l’image, comme s’il avait été tourné en 1920 avec le matériel de l’époque… le récit se déroulant pour grande partie dans ces années là. Pour grande partie car Independencia se compose de deux parties bien distinctes, séparées de façon assez surprenantes par une séquence courte d’actualité cinématographique, un reportage de propagande. Après ça, la seconde partie, avec une longue séquence orageuse absolument impressionnante…
L’engouement que Raya Martin suscite chez quelques cinéphiles n’est donc plus usurpé. Dans Independencia, le cinéaste démontre son talent et son inventivité. Je serai moins sceptique la prochaine fois qu’il s’agira d’aller découvrir un nouveau film de Raya Martin..
Benoît Thevenin
Independencia – Note pour ce film :
Sortie française le 21 avril 2010