Le nouveau film de Tarantino est la réussite attendue. Le cinéaste est plus sage qu’à l’ accoutumé mais « Inglourious Basterds » est un plaisir de tous les instants…
« Tu sais quoi ? Je crois que c’est mon chef d’oeuvre ». On sait Quentin Tarantino un brin fier et cette réplique finale, il faut peut-être la prendre comme un clin d’oeil à l’adresse du spectateur, ce dont Tarantino n’est pas avare. Ce qui est sûr, c’est qu’Inglourious Basterds est suffisamment excellent pour que l’on se pose cette question.
Alors, Inglourious Basterds est il un chef d’oeuvre ? Non, sûrement pas, mais quel pied une fois encore ! Le film ne souffre que d’une faiblesse, une seule et qui est plus ou moins anecdotique selon le seuil de tolérance du spectateur. Le défaut en question est récurrent dans l’oeuvre du cinéaste : une fois encore le film est très bavard, mais les dialogues sont tellement exquis que l’on ne va pas non plus se plaindre beaucoup. On s’impatiente parfois un peu à l’écoute de quelques tirades mais ce reproche là, il n’est pas très costaud. C’est peut-être juste histoire de chercher la petite bête.
Inglourious Basterds est découpé en chapitres, ce dont Tarantino nous a habitué. Chapitre I, une maison isolée à la campagne dans une France sous occupation allemande. Une patrouille nazie vient rendre visite au fermier. La confrontation entre ce dernier et le chasseur de juifs est déjà savoureuse. La discussion commence en français, Tarantino a choisit de respecter les langages, un choix qu’Hollywood ne s’autorise qu’exceptionellement. Avec malice et avec la complicité qu’il essaye d’instaurer avec le spectateur, Tarantino réussit à faire en sorte que les personnages passent à l’anglais. Rien qu’a cet instant, et alors que la conclusion du chapitre n’est pas encore révélée, on a déjà la certitude d’avoir à faire à un super truc, que Tarantino est en forme, qu’il a de l’appétit et compte bien nous en faire profiter.
Cela se confirmera tout au long du film. Le cinéaste fait preuve d’une extrême générosité, a pleins d’idées dans son tiroir, dont certaines fabuleuses (la cicatrice nazie taillée au couteau, la destruction d’un cinéma par la pellicule en nitrate etc. par exemple).
Le film se déroule sur un mode très classique dans l’oeuvre de Tarantino, avec un scénario qui fonctionne de l’exacte même manière que le dyptique Kill Bill. Chaque chapitre contient sa tirade, son échange verbal toujours très inspiré, et se conclut par une soudaine explosion narrative et visuelle. L’effet est garantis à chaque fois, car Tarantino prépare l’instant de jouissance avec la méticulosité qui est la sienne et parce qu’il a de la suite dans les idées.
Cinématographiquement, Inglourious Basterds est également dès plus intéressants, avec des idées partout, mais une mise en scène posée, sobre qui ne tape pas vraiment l’oeil. La maestria de Tarantino ne fait malgré tout aucun doute. Ce génie bien particulier, on le retrouve à tous les étages de la composition du film. Il n’y a qu’a constater la belle inspiration avec laquelle Tarantino glisse ses références cinéphiles.
Si la réalisation est sobre, on se fait la même idée concernant l’utilisation de la musique. Le juste morceau est toujours placé au bon moment et la B.O est superbe encore.. mais nettement moins spectaculaire que dans ses autres films. Cette bande originale est signée par le grand Ennio Morricone et c’est une des chouettes idées du film.
La galerie de personnages est assez exceptionnelle, avec deux figures fortes : Brad Pitt en chef des salopards et Christoph Waltz en chasseur de juif. Le film ne tourne pas autour de la trajectoire des salopards, cet aspect là du film est totalement accessoire. Les personnages dans l’ensemble sont cependant tellement bien caractérisés et forts pour que l’on prenne un plaisir immense à les entendre livrer leurs tirades. Un mot sur les acteurs ? Le casting est excellent et composé pour l’essentiel de jeunes comédiens que l’on connaît bien en France (Mélanie Laurent, Diane Kruger) ou qui commence à s’imposer dans le gratin (Michael Fassbender).
Inglourious Basterds est un plaisir de tous les instants, un régal à tous les niveaux, un film de divertissement comme seul Tarantino arrive à en faire.
Benoît Thevenin
Filmographie de Quentin Tarantino :
1992 : Reservoir Dogs
1994 : Pulp Fiction
1995 : Four Rooms (segment : The Man from Hollywood)
1997 : Jackie Brown
2003 : Kill Bill : Volume 1
2004 : Kill Bill : Volume 2
2005 : Sin City (participation à la mise en scène)
2007 : Boulevard de la mort
2009 : Inglourious Basterds
Inglourious Basterds – Note pour ce film :
Mon dieu qu’est-ce que ça me donne envie !! et dire qu’il faut attendre en 4 mois avant la sortie…
En tout cas je suis contente de lire ta critique, elle me remonte un peu le moral, les autres que j’aie entendues étaient mitigées…
J’avais déjà envie de voir ce film mais là ton article me donne encore plus envie de le découvrir 😛 Vivement qu’il sorte en dehors des contrées canoise
Ce qui est drôle, aussi, ce sont les changements de titres successifs de ce film…
Au début c’était quand même BASTARDS, puis BASTERDS… et tu remarqueras que désormais, ce n’est plus INGLORIOUS, mais INGLOURIOUS!
Bon, à part ça, faudra que je le voie!
SysTooL
J’ai vraiment envie d’aller voir ce film et cette critique m’a donné encore plus envie d’aller le voir!
*a hâte*
Mon cher, je suis entièrement d’accord avec toi sur le film de l’ami « qwantine », comme tu peux le voir sur ma critique (http://www.cote-momes.com/quartier-libre/cinema/inglorious-basterds-au-rapport-c1043.html)…
Ce film est mauvais. Mauvais.
salut .j ais vue le film!!!,c est vraiment pas une reussite,les acteurs sont bon mais la realisation est mediocre,dialogues monotones,et tres peu d action,ça n en vaut pas le coup!!!!!!…
le meilleur QT depuis …… Kill Bill 1 ! non ?
Une critique très pointue là :
http://cdsonline.blog.lemonde.fr/2009/08/24/you-glorious-bastard/
BàV
Plutôt pas d’accord en particulier avec cette « galerie de personnages » exceptionnelle. Rarement Tarantino est passé autant à côté de son casting, à côté de ses dialogues (drôle mais un peu lourdingue), et surtout de son scénar (la banalité de la cinquième partie dans le cinéma). Après il faut bien avouer que les autres blogueurs sont plus de ton avis que du mien 😉
A+
Ben
http://www.playlistsociety.fr/2009/09/inglourious-basterds-de-quentin.html
Vous m’avez donné envie de le voir, j’irai!
Totalement jouissif en effet, tu as raison de dire qu’il ne s’agit pas d’un chef d’oeuvre… Mais quel pied !!!
C’est vrai !
avec un peu de surprise je découvre le commentaire de yannick, qui a trouvé qu’il y avait « très peu d’action » : ce n’est pas le souvenir que j’ai gardé de ce film…
Ah les mauvais coucheurs ! Jamais contents ! Quand on va voir un Tarentino, on ne va pas voir du Cécile B Demille ou du Orson Welles. L’homme est facétieux, il joue et se joue de l’histoire, du scénario, des personnages…
Mais qui sont ces spectateurs qui se permettent d’avoir un jugement aussi péremptoire. S’il est de mauvais films, il est aussi de bien « mauvais spectateurs » !
en plus de ça, et même si avec jubilation il se joue de l’histoire, sa description du « colonel Landa » (chef de la sûreté, nazi) vaut bien, ce que les historiens brevetés et homologués pourraient avoir à dire sur la question…