C.R.A.Z.Y de Jean-Marc Vallée (2006)

D’aussi loin qu’il se souvienne, Zach n’a jamais aimé Noël, ce jour ou il est né, telle une promesse divine. Tiraillé entre un père qui veut faire de lui un mec, un vrai, une mère qui ne voit en lui que les desseins du seigneur et le couve en conséquence, et quatre frères qui ne se ressemblent pas, Zach devra faire le douloureux apprentissage de la vie. Une vie que chacun se plait à régenter pour qu’il devienne ce que l’on veut qu’il soit. Et surtout pas un fiffe qui préfèrerait jouer à la poupée plutôt que les bagarres avec les copains.

Zach va se construire une identité en marge des conventions de sa famille. Il éprouve des sentiments ambivalents pour ce père qu’il admire mais qui ne supporte pas ses penchants homosexuels, et pour cette mère qu’il adore mais dont il se désolidarise peu à peu de ses convictions mystiques.

Zach se réfugie dans la musique et se construit son identité par elle.
La musique a donc une fonction absolument centrale dans le film. Elle ne sert pas seulement à marquer l’esprit 70’s du film mais aussi à pointer les tourments de l’âme de Zach. Le Changes de David Bowie marque ainsi clairement le point d’aboutissement d’une lente maturation selon laquelle Zach va finir par s’accepter tel qu’il est.

Chronique familiale dont Zach est l’anti-héros, C.R.A.Z.Y est effectivement un film un peu fou. Fou car chacun des personnages est iconoclaste à souhait, mais aussi, voir surtout, parce que la réalisation, inventive et débridée, rend le film diablement exaltant et efficace.

La mise en scène de Jean-Marc Vallée recèle de trouvailles en tout genre et confère au film un dynamisme certain. Vallée nous fait passer du rire aux larmes sans jamais tricher et selon un équilibre parfaitement établis, parce que, bien sûr, la vie est amer, pour cette raison même que ce sont les pleurs et les joies qui la jalonne.

La B.O, sur laquelle il est facile d’insister, transcende bien évidemment tout cela. D’Aznavour à The Cure en passant par Patsy Cline, les Pink Floyd, Rolling Stone et, donc, Bowie, C.R.A.Z.Y est un plaisir autant pour les yeux que pour les oreilles
Vous auriez tord de vous priver de ce doux concentré de bonheur. C.R.A.Z.Y révèle en plus un cinéaste indubitablement doué et qu’il faudra suivre.

Benoît Thevenin

C.R.A.Z.Y ****1/2

Sortie française le 3 mai 2006

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