Pedro Costa peut être pénible et « Ne Change rien » est presque une torture, « Torture » étant le titre d’une chanson interprétée par Jeanne Balibar dans ce documentaire forcément singulier qui lui est consacré.
Ne change rien est un accident. Tout du moins, ce n’est pas, de la part de Pedro Costa, un projet mûrit mais un film plus ou moins spontané, résultat d’une rencontre, d’une amitié (avec le musicien Rodolphe Burger), de circonstances.
Le cinéma de Costa est un cinéma éprouvant, radical, austère et assez lugubre. Ne change rien est un projet particulier, une sorte de making-of du travail de chanteuse de Jeanne Balibar. La musique offre un peu d’air au style de Pedro Costa, mais on s’interroge sur la pertinence d’un tel film.
Certes, l’image en noir et blanc est magnifique, mais il n’y a là aucun travail de mise en scène, seulement de composition des plans. C’est très beau à voir mais ça se résume à une succession de plans fixes qui ne nous est d’aucun intérêt. On se demande si les 24 images par secondes sont nécessaires. Une seule image aurait suffit. Pedro Costa aurait pu se contenter là de publier un beau recueil de ses photos, qu’aurait joliment accompagné le CD de Jeanne Balibar pour un coffret collector somptueux.
Au lieu de ça, 1h45 de plans magnifiques mais qui ne nous apportent rien, ou le mouvement à l’intérieur même de l’image est rare. Il reste quoi ? Les répétitions très répétés, les vocalises, les cours de chant, tout le travail laborieux d’une artiste qui agit ainsi pour préparer ce qu’elle offrira à son public sur scène.
Là, on assiste au processus dans toute sa lourdeur, rendu pénible par le style de Costa. Les images sont belles mais ca ne suffit pas, c’est creux malgré quelques moments proches de l’envoûtement. L’ennui triomphe cependant. Ne change rien est un exercice de style totalement vain, on préfère quand Pedro Costa fait du cinéma.
Benoît Thevenin
Ne Change rien – Note pour ce film :
Rodolphe Burger n’est pas du tout ingénieur du son!!
On me l’a présenté comme ça :-s. Je corrige ! pardon pour lui !