Nikolay Khormeriki dresse le portrait d’une marginale de l’amour.
Nikolay Khomeriki est typiquement le cinéaste qui est né à Cannes. Deuxième prix de la Cinéfondation en 2005 avec son court-métrage A deux, il est sélectionné une première fois dans la section Un Certain regard en 2006 avec son film 977.
Conte de l’obscurité, son second long-métrage, suit le parcours d’une jeune femme flic célibataire. Elle est en charge des délinquants juvéniles et développe avec eux un rapport maternel. Un jour, un garçon la désigne violemment comme une « vieille connasse déséchée sans mec ».
L’héroïne du film est une jolie jeune femme mais elle se complet dans ses habitudes d’une vie solitaire. Elle n’a pas d’amis et ne semble pas le vivre si bien qu’elle le dit. Anguelina n’inspire guère d’empathie, fait preuve de dureté et son uniforme fait fuir les prétendants.
Les femmes agents de polices en Russie sont pourtant – en témoigne ce film – costumées telle des hôtesses de l’air.. Le cinéaste s’attarde d’ailleurs souvent sur les jambes de ses personnages, en particulier son héroïne, qu’il rend belle malgré le peu d’effort qu’elle fait pour l’accepter elle-même.
Le récit de cette solitude est assez pauvre. Anguelina ne fait même pas pitié tant son attitude est parfois détestable. Les insultes du garçons la ramène à sa triste condition de femme solitaire et on ne sent pas une volonté farouche chez elle de se sortir de cet état léthargique. Elle tente pourtant de se socialiser un peu en s’inscrivant à un cour de tango, mais ce n’est que pour s’y retrouver seule, dans une position d’humiliation qui – on se le demande – la satisfait tant elle multiplie comme cela les occcasions d’être mise à l’index, et sans jamais broncher. Sa quête amoureuse est pourtant réelle, peu ambitieuse, sans grande conviction, mais bien réelle.
La conclusion du film sera une sentence plus terrible encore que les mots de l’enfants, alors que l’on entrevoyait tout juste un peu de lumière. Conte de l’obscurité ne concède rien aux sentiments. Le film ne donne aucune confiance en l’amour, c’est un conte de l’obscurité, des ténèbres sentimentales.
Benoît Thevenin
Conte de l’obscurité – Note pour ce film :