Pour son premier film, le mexicain Michel Franco s’attaque à un sujet difficile et dénonce la pornographie clandestine.
Ana est une magnifique jeune femme, pleinement épanouie et qui prépare son mariage prévu pour dans trois mois. La famille semble solide, et Ana s’entend particulièrement bien avec son jeune frère, Daniel. Alors qu’ils sont ensemble dans une voiture, un groupe d’individus les arrête et les enlève. Ils sont emmenés dans une maison ou les ravisseurs les contraignent bientôt à coucher ensemble pour les besoins d’une vidéo porno. Laissés libres après l’acte d’inceste, ils devront se reconstruire…
En préambule du film, un carton pour nous avertir que non seulement l’histoire que l’on s’apprête à découvrir est adaptée d’un fait réel, mais qu’en plus le cinéaste a respecté scrupuleusement le fait en question. Un carton final nous rappellera que ce film dénonce le phénomène de la pornographie clandestine et que la majorité des victimes ne se révèlent jamais ce qui leur sont arrivés. L’estimation du nombre réel de victimes est donc difficile à évaluer, mais des milliers de sud-américains seraient enlevés pour tourner sous la contrainte dans des vidéos pornos exploitées ensuite sur le net.
A l’issue de leur agression, Ana et Daniel rentrent chez eux très simplement et dans le silence. Le frère et la soeur contiennent leurs émotions et rien ne transparaît directement. Vis à vis de leurs proches, ils ne communiquent pas mais un malaise s’instaure. Ana tourne le dos à son mariage, Daniel ne va plus à l’école. Ana décide de voir anonymement une psychologue, laquelle va considérablement l’aider à remonter la pente.
Par petites touches, le film laisse entrevoir les conséquences psychologiques de l’agression, avec un parallèle qui s’instaure subtilement entre la voie empruntée par Ana, et celle suivie par Daniel.
Il est difficile d’évoquer l’impression laissée par ce récit dans la manière dont il s’oriente. Le film apparaît comme particulièrement vicieux et malsain mais on doit se résoudre à admettre que la seule volonté du cinéaste et de mettre en scène l’histoire telle qu’elle s’est déroulée. Du reste, l’aspect malsain du film n’est pas désamorcé, au contraire, et mettra sans doute mal à l’aise l’essentiel des spectateurs qui se confronteront à cette sordide histoire.
Michel Franco adopte cependant une pudeur certaine par rapport à son histoire, une pudeur que l’on retrouve dans sa mise en scène, toujours discrète et qui respecte les personnages. Le cinéaste fait tout de même preuve d’un froid réalisme en ne nous épargnant pas les moments de tensions de l’intrigue, lesquels sont assez impressionnants, éprouvants même diront peut-être certains. Ces instants clés il y en a trois, dont l’agression initiale qui arrive à nous surprendre, et la scène d’inceste que le cinéaste n’élude pas.
Benoît Thevenin
Daniel y Ana – Note pour ce film :
Sortie française le 31 mars 2010
bonjour et merci a tou les nombre de se cite merci