Altiplano de Peter Brosens et Jessica Woodworth (2009)

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Un village isolé dans les hautes plaines du Pérou. Une cérémonie religieuse se termine par le fracas de la statue de la Vierge et plonge la communauté dans un soudain désespoir. A l’autre bout du monde en Irak, une reporter de guerre prend en photo l’exécution de son fidèle guide. Ces évènements sont le point de départ de la souffrance de deux femmes.

L’époux de la photographe (Olivier Gourmet) oeuvre dans un dispensaire près du village péruvien. La communauté villageoise subit un lourd fardeau, comme une malédiction. Les hommes et les femmes perdent la vue. Les docteurs du dispensaires sont impuissants pour les soigner…

En 2006, Peter Brosens et Jessica Woodworth remportaient le Prix Luigi de Laurentiis du meilleur premier film à la Mostra de Venise avec Khadak. Le film se déroulait dans les steppes de la Mongolie et confrontait le peuple nomade à une inquiétante épidémie. Dans Altiplano, leur second film ensemble – bien qu’ils aient chacun oeuvrés indépendamment l’un de l’autre auparavant – il est encore question d’un désastre écologique. Le mercure contamine le village de Saturnina l’héroïne (Magaly Solier). C’est ce mercure qui explique l’aveuglement dont le village dans son ensemble est victime. Ce désastre est la conséquence de l’activité impitoyable de l’homme, une exploitation minière jouxtant le village d’assez près. Dès lors, Altiplano va mettre en opposition deux cultures très différentes, jusqu’à les rapprocher dans ce qu’il y a de plus humain, l’émotion.

Altiplano est un film ample, pas tant narrativement car l’histoire est finalement assez simple et limpide, mais parce que, malgré tout, le récit s’étale sur trois continents, parce que le film est dense, que la mise en scène est toujours profondément signifiante. La symbolique est omniprésente dans chacun des tableaux que compose ce film, chaque image fait sens.

La mise en scène n’est pour autant jamais contemplative ou, tout au moins, les plans ne sont jamais étirés. Pourtant, il y a quelque chose dans ce film qui nous rappelle Carlos Reygadas et Japón en particulier, des plans-séquences avec une caméra qui tourne à 180 degrés et qui nous révèle souvent les paysages sublimes des hautes plaines péruviennes. On en prend plein la vue.

Altiplano est un film lourd, profond et impressionnant, un objet de cinéma qui fascine immédiatement, au moins esthétiquement, mais qui aussi nous émeut par la force de son récit.

Benoît Thevenin


Altiplano Note pour ce film :


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