Lake Tahoe de Fernando Eimbcke (2008)

Juan, jeune homme de 16 ans, vient d’emboutir la voiture familliale dans un poteau. Rien de grave dans ce petit accident, juste la voiture ne démarre plus. Juan regagne le village pour trouver quelqu’un qui pourra redémarrer sa Nissan. Le village est assez désert. Juan fera néanmoins trois rencontres quelque peu improbables qui pimenterons une journée bien terne.

Lake Tahoe, voilà un titre qui n’évoque pas vraiment l’origine mexicaine du film. Pour comprendre le sens de ce titre, il faut attendre le dernier plan du film. On s’interdit donc de vous révéler cette signification, même si elle n’est qu’anecdotique. Ce qualificatif résume assez bien Lake Tahoe, petit film à la fois léger et grave dans lequel il ne se passe pas grand chose sinon les péripéties du quotidien. Ce registre là, Fernando Eimbcke le maîtrise très bien.

En 2005, il réalisait son premier film, Temporada de Patos, dans lequel il évoquait le très tranquille dimanche après-midi d’un groupe d’amis. Ces derniers s’occupaient comme ils le pouvaient, entre pizza, manga érotique et match de foot, le tout sur un ton à la fois léger, mais aussi teinté d’une certaine gravité, déjà. On est exactement dans la même configuration avec Lake Tahoe.

Juan, incarné par Diego Catano – l’un des garçons de Temporada de Patos – traîne sa nonchalance dans les rues d’un village des plus tranquille. Son petit frère à élu résidence dans une tente planté dans la cour devant leur maison, la mère pleure dans sa baignoire et le père est absent. Dans sa quête très simple d’un démarreur pour sa voiture, Juan rencontre une mère-adolescente qui continue de rêver au comptoir de son échoppe d’un improbable talent pour la chanson. Il rencontre aussi un garçon de son âge, lequel récite les paroles philosophiques des maîtres en art-martiaux, et un vieux garagiste terriblement fatigué qui ne peut faire trois pas sans éprouver le besoin de se reposer.

Ces trois rencontres vont permettre une succession de saynètes aux limites du burlesques, malgré la morosité ambiante. Chacun est embourbé dans les propres problèmes de sa vie. Le burlesque cotoie donc de près la gravité même si le sourire désamorce cette lourdeur. Lake Tahoe ne dépasse malheureusement pas ce registre. A force de situations anecdotiques, au service d’une histoire qui l’est elle même, le film ne s’élève jamais vraiment. Un joli petit film, visuellement très beau – car la rigueur esthétique du cinéaste est manifeste – pas désagréable du tout, très sympathique même,  mais pas inoubliable non plus.

B.T


Lake Tahoe – Note pour ce film :

Sortie française le 16 juillet 2008

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