The Island de Michael Bay (2005)

Le débat autour de The Island est perdu d’avance. Le concept de base est pourtant potentiellement intéressant. Ceux qui voudront défendre le film ne le verront que comme un simple objet de divertissement… comme un autre, efficace par son rythme de narration et son style visuel. Mais tout cela mérite de grosses réserves. Est-il de bon ton, en ces temps de pauvreté de la culture populaire, d’accepter aussi facilement une pilule à ce point nauséabonde ? Est-il de toutes les manières acceptable de laisser au public des œuvres manifestement destinées à la consommation de masse tout en excluant totalement le moindre parti pris intellectuel ? D’accord, le public ne va pas foçrcément au cinéma avec l’objectif de se remplir la moelle épinière. Est-ce une raison ? D’autres ont prouvé que l’ont pouvait allier divertissement et bon sens.

Mais le gros HIC justement avec The Island , c’est qu’il y a tromperie sur la marchandise. Car il faut quand même lire les divers supports publicitaires qui vantent le film.

« Vous savez, ce qui me fascine dans ce script, ce sont les questions qu’il soulève concernant le clonage » dixit Michael Bay. Il faut dire que Mr Bay ne nous avait guère habitué, jusque là, au partage de ces réflexions.

Quand le magazine Première édite ses « 10 Bonnes raisons d’aller voir « The Island », le 9è point semble rejoindre les propos de Bay : « Un blockbuster avec un cerveau »

Bon, Bon… Ok ! Ne nous énervons pas. Surtout, ne soyons pas si naïfs. Quoi que dise Michael Bay, nous savons bien tous qu’il ne sera jamais un cinéaste d’auteur. Et le simple fait qu’il ait produit son film avec l’argent de Dreamworks au lieu de celui de Bruckeimer, ne suffit pas pour nous dire que Bay a laissé tomber ses intentions mercantiles.

Bay est un faiseur. Point ! Il fait de l’image et lorsqu’il les monte, c’est à la mitraillette. Il s’agit bien là de sa vraie marque de fabrique. Que le reste lui importe un peu est possible, mais les seules récurrences de sa filmographie sont bien d’écoeurants procédés de mises en images et de narration.

The Island est donc une énorme blague. Et il fallait s’y attendre.

Le premier plan du film est manifeste des réelles intentions de son « auteur » . La marque Puma filmé de manière ostensible… Cadillac n’est pas en reste. Il y a ces deux travellings latéraux juste devant le sigle de la voiture. Que voit-on ? Rien d’autre que le sigle ! Les lignes de la voiture quand même afin de juger par soi-même de la qualité de la cylindré. Et ce commentaire gratuit mais essentiel « Ca c’est de la bagnole ! ». Peu après, Erwan nous laisse admirer la pointe de vitesse de l’engin et sa capacité à s’arrêter net sur deux mètres à un feu rouge. Il en va du prestige de Cadillac. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres…

Les considérations philosophiques vantées plus haut sont elles toutes droit contenues dans ce dialogue hautement sensé entre le duo amoureux (Ewan McGregor/Scarlett Johansson) et le perso de Steve Buscemi. « C’est quoi Dieu ? » « Quand tu fermes les yeux et que tu fais un vœu, Dieu c’est celui qui s’en fout ». Mieux vaut en rire que de s’en foutre…

Mais ce n’est pas vraiment tout ça qui est le plus révoltant dans ce film. Le personnage de Scarlett Johansson est réduit à un simple objet de consommation machiste. D’un bout à l’autre du film, les personnages masculins ne cessent de baver et lancer des réflexion très limites à propos de la plastique de la – effectivement – très belle Scarlett. On pourrait dire que ces commentaires sont justifiés tant l’actrice est mise en valeur par la caméra mais voilà, cette récurrence, ce disproportionnement est tout simplement abjecte. Tout ceci se résume dans l’incroyable scène de drague entre la copie originale du perso d’Erwan Mc Gregor avec celui de S. Johansson. Hallucinant un tel niveau de machisme aussi clairement revendiqué ! Il y a aussi cette réflexion « Vous êtes puceau et vous vous trimballez avec un engin pareille ?! Et bien je ne vais pas vous gâcher le plaisir mais vous allez vous amusez… ». Enfin bref…

Les scènes d’actions sont la seule chose qui semble tenir la route…. Si l’on veut bien être gentil. Autant elles sont visuellement efficaces, autant ces trois plans à la secondes sont un moyen aussi artificiel qu’énervant (désespérant ?) pour susciter le spectacle. Ok, la scène de l’autoroute est assez incroyable mais Bay en rajoute des caisses et c’est franchement risible. L’action ne sert pas du tout l’intrigue. Bien au contraire. Tout est gratuit. Un autre exemple ? Ce plan ou un panneau publicitaire (tiens !…) s’effondre sur un hélicoptère. Désolé d’être mort de rire. Enfin non ! Pas désolé du tout !!! Mort de rire, on peut l’être aussi devant cette ridicule scène ou le clone répète au mot près ce que son modèle dit.

C’est vrais qu’on se marre bien quand même devant The Island. Le Nanar de l’année ? Il peut y prétendre…

Benoît Thevenin


The Island – Note pour ce film : 1/2

Sortie française le 17 août 2005

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