L’ancienne forteresse croisée de Beaufort, au Liban, constitue un poste avancé stratégique dans les guerres de la région. Les armées l’ont occupé successivement au rythme des conflits. En 2000, après 18 ans d’occupation, Tsahal, l’armée israélienne, occupe le fort…
Représentant israélien des Oscars 2008 en lieu et place de La Visite de la fanfare, initialement désigné, Beaufort, parce qu’il s’agit là aussi d’un grand film, prouve la richesse de ce cinéma. Beaufort à d’ailleurs été récompensé par l’Ours d’Argent du meilleur réalisateur lors de la Berlinale 2007.
Beaufort rappelle le Jarhead de Sam Mendes. Les deux films racontent une histoire selon le points de vue de soldats dans l’attente, des soldats face à un ennemi invisible dans une guerre moderne et technologique. Il n’est pas bon de s’attacher au moindre personnage du film. La mission de ces soldats est incertaine, imprévisible, cruelle. Les missiles pleuvent régulièrement, détruisent, blessent et tuent, mais l’ennemi, le Hezbollah, est un fantôme.
Beaufort est le récit de la destruction, dans la nuit du 24 mai 2000, de la forteresse. Tsahal se retire du fort en le détruisant pour ne pas le laisser au Hezbollah. L’explosion dans la nuit noire convoque un autre souvenir de Jarhead et ses puits de pétroles enflammés dans le désert iraquien. Comme Mendes, Cedar a un vrai sens de la mise en scène et de l’esthétique. Mais ce qui est essentiel dans le film reste tout de même le portrait psychologique des soldats de Tsahal, coupés du monde et de leurs famille dans cette montagne, et soumis à une tension insoutenable.
Benoît Thevenin