L’heure d’été renvoie sans doute à ce moment charnière ou le passage se fait entre l’heure d’hiver et l’heure estivale, ou le contraire. Dans L’Heure d’été, il est question de vie et de mort. Mais surtout de vie. Le décès autour duquel s’articule tout le film n’est pas le prétexte à une énième réflexion sur la mort. Ce n’est pas ça qui intéresse Assayas, plus attaché à disséquer les relations entre les différents membres d’une famille très unie et à travers la difficile question de l’héritage. L’heure d’été ? Ou les chroniques de ces moments ou cette famille unie sur le plan sentimental mais disséminé géographiquement, se retrouve.
Comme souvent chez Assayas, le monde est international. Malgré le cadre intime de ce film, il est toujours question de ce monde globalisé. Ainsi, Hélène Berthier (Edith Scob) reçoit chaque été dans sa grande maison les familles de ses trois enfants. L’un est économiste (Charles Berling) et vit en région parisienne. Son travail l’amène à réfléchir sur un monde macro-économique et il vient juste de publier un livre qui tente de démonter par l’absurde ce système en prétendant qu’il ne s’agit que d’un leurre… Le second fils (Jeremy Rénier) occupe un poste à très haute responsabilité au sein de l’usine de fabrication basée en Chine de la marque Puma. Et enfin, la fille (Juliette Binoche) travaille dans le design à New York…
Avant L’Heure d’été, il y a une commande du musée d’Orsay pour une collection de court-métrages réalisés par des cinéastes prestigieux et mettant en lumière le musée d’Orsay. Le projet n’a pas aboutit mais a quand fait des petits. Hou Hsiao Hsien a transformé son idée de court-métrage en un long, Le Voyage du ballon rouge. Grand ami du cinéaste taïwannais (a qui il rendit d’ailleurs hommage via le documentaire HHH), Olivier Assayas a lui aussi développé ce qui devait donc être un court en ce film, L’Heure d’été. Parenthèse, on peut s’amuser d’un dénominateur commun au deux : la présence aux génériques de Juliette Binoche.
Dans L’Heure d’été il est bien question d’art. Hélène Berthier est la nièce d’un peintre célèbre, Paul Berthier. La grande demeure dans laquelle elle habite est remplie d’oeuvres d’arts plus ou moins convoitées par les musées, dont celui d’Orsay. Il s’agit là d’une véritable collection avec des oeuvres de Berthier mais pas seulement, des Corot par exemple etc. Hélène a 75 ans. Elle sait que son départ est inéluctable et proche. Elle tente de faire comprendre à ses enfants le peu d’importance qu’ils doivent accorder à toutes ces oeuvres. « Pour moi, ce sont des souvenirs, ils représentent ma jeunesse. Mais pas pour vous. Vous avez une vie différente et d’autres souvenirs. Il ne faut pas s’acharner à défendre les miens. Je ne serai plus là et ça n’aura donc plus d’importance pour moi. La place de ces pièces est dans les musées ». Voila en substance ce qu’Hélène essaye de faire admettre à ces enfants.
Lorsqu’elle disparaît, la question de l’héritage, des partages, surgit. Il n’y aura pas de déchirement, de colère, de jalousie comme souvent dans ce genre d’histoires, surtout lorsqu’elles sont contées au cinéma. Non, ici, ce qui est en jeu et de manière très positive, c’est la question de la transmission. La transmission du passé, la transmission des souvenirs, la transmission de la connaissance. Trois générations très différentes évoluent dans ce même cercle intime. Assayas tente ainsi par ce film de décrypter très simplement les mécanismes de la transmission entre chacune de ces générations. Et le film de ressembler aussi parfois à un inventaire des objets convoités ici et là.
Le ton n’est pas à la déprime. Au contraire le film est parcouru par un vent de légèreté et convoque plutôt le souvenir du très beau Fin Août, début septembre, plutôt que les derniers films tentaculaires du cinéaste (Demonlover, Boarding Gate entre autres). Tout est paisible, calme, avec une action pour les trois quart du film circonscrite au cadre bucolique d’une vaste maison de campagne. Pour le reste on voit Paris, une certaine agression citadine. La ville reste cependant surtout évoquée à travers les mots des personnages plutôt que par les images. Ils parlent de leurs vies mais on ne les voit que très peu la vivre. La mélancolie intrinsèque au propos affleure sans pour autant affecter vraiment la perception globale du film. Pour décrire l’enterrement d’Hélène, le personnage de Juliette Binoche évoque « une cérémonie simple et sans pathos ». Il s’agit là de la meilleure façon de résumer ce qu’est L’Heure d’été.
Benoît Thevenin
L’Heure d’été – Note pour ce film :
Sortie française le 5 mars 2008
Hello !
Juste un message pour vous signaler que le site AlloMusic.com va rencontrer KYLE EASTWOOD le 10 juillet 2009 pour une interview exclusive !
Pour plus d’infos : http://www.allomusic.com/forum/index.php?showtopic=92
voilà pour l’info
A bientôt