Atypique. Il n’y a jamais eu d’autres mots pour définir Mocky. Ce billet ne sera pas un hommage à Mocky, je le connais trop peu et suis loin d’avoir vu tous ces films. La passion pour son travail n’a même, à vrais dire, jamais été au rendez-vous… Jusqu’a tout récémment et cette Cité de l’indicible peur. Sorti d’abord en 64, le film, fut alors escamoté par les poducteurs qui changèrent et le montage et le titre (rebaptisé pour l’occasion La grande frousse). Redistribué en 72, probablement devant le succès populaire de Bourvil, le film revient et est applaudi par la critique et le public.
Les spectateurs sont-ils schyzophrènes ? Bien sûr et chacun le sait (sic). Mais surtout, il faut une certaine sensibilité pour apprécier cet univers là. Mocky est un artisan avant toutes choses. Il bricole. Et chacun de ses films, me semble t’il, pratique l’art du décalage et de la dérision.
Un inspecteur jugé incompétent, Simon Triquet (Bourvil) est chargé d’enquêté sur les graffitis. Il tombe par hasard sur un faussaire notoire, lequel sera condamné à monter sur l’échafaud. La guillotine s’enraille. L’ascesseur du bourreau tente de la décoincé mais c’est lui qui se fait trancher la tête. Le malfrat profite de la confusion pour se faire la belle. Triquet assiste médusé à la scène avant de partir à sa recherche. Son enquête le mène à Barges, un village paumé en Ardèche, le trou du cul du monde en somme, ou les habitants vivent terrorisés par la bargeasse, une bête mystérieuse. Une bête qui semble être à l’origine de plusieurs meurtres étranges. Triquet lui, qui cache ses activités de flics et essaye de localiser celui qu’il nomme « l’ivrogne frileux ». « Avez vous vu un ivrogne frileux par ici ? »…
Mocky offre ainsi un film assez déjanté, assez barge (ce n’est donc pas un hasard…) . Derrière ses aspects troisième degré, La Cité de l’indicible peur est aussi bien plus dense qu’un simple film de compagnion de beuverie. Une sorte de critique acide et sans concessions des petits bourgeois de provinces. Mocky en poil à gratté, ce moque des mesquineries, des lâchetés des uns et des autres. C’est souvent caricatural, mais c’est aussi pour celà que ca marche et que le film est aussi drôle. D’autant plus que les acteurs joue avec un enthousiasme évident et communicatif : Bourvil sautille dans tous les sens, le gendarme effemminé (Jean Poiret) ponctue ses pharses de bruits de baisers, le boucher amoureux, un voyeur peureux, le médecin qui explique à Triquet que de toutes les manières, « toutes les morts sont naturelles », le châtelain qui fini ses phrases par un « Quoi » etc. etc.
Et si l’on creuse un petit peu, on notera le message de Mocky : la peur rend les gens manipulable. C’est pas forcément aussi subtile que le Furie de Fritz Lang par ex. (mais en même temps, ça n’a rien à voir) mais ca l’est quand même.
Benoît Thevenin
La Cité de l’indicible peur – Note pour ce film :