Victoria : les jeunes années d’une reine (Young Victoria) de Jean-Marc Vallée (2009)

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Rois et reines sont sources de fascination, ca ne se dément jamais, et il y a une curiosité sans  cesse renouvelée de la part du public de pénétrer d’une manière ou d’une autre les intimités si mystérieuses des têtes couronnées. Victoria reste une reine emblématique de l’Histoire de la Grande-Bretagne. Son règne accompagna et favorisa, une mutation profonde de la société britannique avec la révolution industrielle mais aussi sur le plan social et des moeurs. Victoria a à ce point marqué son temps que le Roman Victorien est quasiment devenu un genre en soi : Jane Austen fait la peinture des milieux puritain, Charles Dickens raconte la misère grandissante dans les villes en expansion etc.

L’existence du film de Jean-Marc Vallée est sans doute lié aux succès des films avec Kieira Knightley (Orgueil et préjugés d’après Austen mais aussi The Duchess d’après Amanda Foreman etc.), autant qu’à cet intérêt pour les rois. Le public aime également les romances, les costumes, c’est une évidence. Pourquoi alors ne pas faire effectivement le portrait d’une reine célèbre, encore souvent commentée, et qui ces dernières années n’a que peu connu directement les privilèges du cinéma (La Dame de Windsor, 1997).

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La principale réussite de cette entreprise tient à l’incarnation d’Emily Blunt, alternative exquise au monopole de Kieira Knightley sur ce types de films. L’actrice dégage une véritable présence, mais c’est surtout par la subtilité de son jeu qu’elle nous impressionne. Pour autant, le film souffre de son extrême classicisme. On ne peut pas reprocher les moyens mis à l’écran tant le faste des décors est omniprésent. On ne peut pas reprocher non plus une certaine élégance dans la mise en scène de Vallée, même si le cinéaste québecois s’était montré autrement plus inventif et audacieux avec son précédent film C.R.A.Z.Y. Il est évident que les époques et les sujets sont suffisamment  opposés pour qu’effectivement le style s’adapte à la peinture de ce milieu là. L’image est belle, voilée par une lumière très claire, mais ses qualités esthétiques paraissent malgré tout convenues.

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C’est tout le problème de ces jeunes années de Victoria, qui tel quel nous présente mal l’héritière de la couronne, ne nous permet pas de comprendre véritablement la Reine qu’elle sera. Jean-Marc Vallée préfère concentrer son récit sur la relation entre Victoria et son futur Roi. Les conséquences sont à doubles tranchants : autant le scénario écrit par Julian Fellowes, auteur déjà du Gosford Park de Robert Altman et de la Foire au Vanité de Mira Nair, permet une description plutôt intéressante et bien orchestrée des hypocrisies de l’entourage de Victoria, de comment chacun joue de son inexpérience et de sa prétendue naïveté pour s’accorder une légitimité ou du pouvoir ; autant le film paraît parfois en contradiction avec l’image généralement perçu de la Reine Victoria, de la société sous son reigne. Au puritanisme si caractéristique des moeurs du XVIIIe, Young Victoria répond par une histoire plus ou moins passionnelle et quelque peu érotisée par l’oeil de Jean-Marc Vallée.

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D’une manière générale, Victoria est peinte sous un jour presque parfait : belle, rayonnante, téméraire, volontaire, méprisante à l’égard des vanités, intéressée par les différences (elle commence à être séduite dès lors que Le Prince Albert indique aimer Schubert, compositeur dont elle se moque) etc. Le film tend à habiliter – ou réhabiliter s’il le fallait – l’image d’une Reine qui n’est peut-être pas si connue que sa notoriété le laisserait croire. Il est certain que Victoria est là encore jeune, et qu’elle a le temps encore pour se construire et démontrer une plus forte intransigeance. Mais ce qui est sûr, c’est que Young Victoria, quoique joli, agréable, concis (1h40), porté par une actrice formidable et parfaitement à l’aise dans ses robes, fait preuve de trop peu d’originalité, de trop peu d’audace pour être fabuleux.

Benoît Thevenin


Victoria : les jeunes années d’une reine – Note pour ce film :

Sortie française le 22 juillet 2009

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