Adapté de la pièce éponyme d’Ariel Dorfman, La Jeune fille et la mort est l’un des films les plus directement politique de Roman Polanski. A l’instar du Couteau dans l’eau, il s’agit d’un huis clos circonscrit là aux actions de trois uniques personnages.
Paulina Escobar (Sigourney Weaver) habite avec son mari (Stuart Wilson), une maison isolée proche de la côte d’un pays d’Amérique du Sud. Paulina y vit recluse, affectée par les blessures physiques et morales éprouvées sous le joug de la dictature militaire en place dans le pays au coeur des années 70. Elle apprend par la radio que son mari Gerardo vient d’accepter de présider une commission d’enquête sur les crimes commis pendant la dictature, et n’accepte pas cet engagement pour une enquête avant tout symbolique. Quand Gerardo rentre à la maison il est accompagné par un homme (Ben Kingsley) qui l’aurait dépanné suite à un problème mécanique sur sa voiture. Paulina reconnaît bientôt en cet invité celui-là qui aurait supervisé sa torture et qui l’aurait violée à plusieurs reprises le temps de sa détention…
Les évènements décrits ne sont pas explicitement cités dans le film mais renvoient tout de même clairement à la dictature argentine instaurée suite au coup d’état militaire de 1976. La Jeune fille et la mort est une oeuvre qui joue brillamment sur plusieurs registres, celui du suspens pur et dur, de la confrontation violente, mais aussi sur un registre purement politique. Le personnage de Paulina symbolise l’ensemble des victimes de la dictature. Les personnages sont dans des positions parfaitement définies pour ce qui est une orchestration assez subtile d’une sorte de procès des exécutants sadiques de la dictature. La distribution des rôles est donc d’une certaine manière très schématique, avec la victime d’un côté, le supposé salaud de l’autre, et l’arbitre bien couvert par sa fonction de magistrat, ce qui donne une véritable consistance à sa fonction dans le film.
La Jeune fille et la mort est un film directement politique, qui interroge le statut de victime, qui questionne cette nécessité tragique qui veut que les démocratie se reconstruisent avec ceux qui ont orchestré auparavant la tyrannie. Comment intégrer à la société ceux qui ont été des bourreaux ? Ce compromis là est évidemment fondamental mais accentue inévitablement la souffrance de victimes largement éprouvées par ce qu’elles ont vécus.
Au delà de ce propos là, La Jeune fille et la mort est un impressionnant thriller dans lequel Roman Polanski réussit à instaurer une ambiance trouble et malsaine, plus favorable à une paranoïa que l’on devine chez l’héroïne mais qui va contaminer à la fois le récit puis, peut-être, les spectateurs. Les premières minutes sont à ce titre particulièrement étranges, Polanski ne nous offrant les clés que tardivement. On saisit d’abord mal le comportement de Paulina. Certes, on comprend rapidement qu’elle est une victime de la dictature et que des années après, elle continue d’en ressentir les séquelles physiques et psychologiques. Sa réaction à l’arrivée du docteur Miranda est dans un premier temps stupéfiante. Paulina est sur la défensive, se saisit d’une arme, tremble de tout son être, fuit en volant la voiture de Miranda, s’en débarrasse en la jetant d’une falaise puis revient à la maison. Ses motivations ne sont pas immédiatement perceptibles et l’on se range forcément du côté de Gerardo, son mari, qui explique qu’elle est folle.
Le puzzle se met tout de même subtilement en place et Roman Polanski orchestre un mano a mano éprouvant et fascinant. Les acteurs se régalent, c’est une évidence, tant leur personnage sont complexes, tiraillés chacun d’une certaine manière et poussés dans leurs retranchements. Sigourney Weaver nous transmet toute la détermination de Paulina. C’est à travers elle que le tempo est donné, que la tension se ressent. Un jeu se met en place ou l’on devine que les conséquences seront terribles.
Unité de lieu, de temps, tout est fait en sorte que pour que la confrontation soit physiquement ressentie par les spectateurs, pour que l’on subisse dans son plein déroulement l’intensité de l’action. A côté de Sigourney Weaver, Ben Kingsley et Stuart Wilson sont tout à fait à la hauteur. Le casting est astucieux car les deux acteurs sont chacun à contre-emploi, ou presque. Stuart Wilson est un habitué des rôles de méchants, alors que Ben Kingsley reste avant tout le Gandhi qu’il a été pour Attenborough. Polanski joue clairement de leurs images et réussit par là même à entretenir tout au long du film une ambiguïté qui nourrit tout le suspens de cet impressionnant face à face.
Benoît Thevenin
La Jeune fille et la mort – Note pour ce film :
Je crois que c’est le seul polanski que j’ai vu :$ Oui honte à moi lol J’en garde un bon souvenir même si le film ne m’as pas marqué plus que ça. J’ai le dvd je me le rematerai sans doute un de ses quatres ^^
Je crois que c’est un de ceux que j’aime le moins.
ça reste honnête, Polanski étant un très grand, mais je ne marche qu’à moitié…
Un peu comme pour Lunes de fiel…
Vlad !!!
Honte sur toi en effet, tu passes à coté d’un des plus passionnants réal de ces 40 dernières années…
Repulsion, Le locataire, Le pianiste, Rosemary’s baby, Le bal des vampires, Tess, Frantic, Oliver Twist, La neuvième porte, Chinatown… que des merveilles !!!