A la base, Mission Impossible est une série télévisée, un des succès phare de la fin des années 60. Et, aujourd’hui, si tout le monde ne connaît plus la série, le générique est lui largement entré dans la mémoire collective.
Les missions assumées par les agents (Dan Briggs puis Jim Phelps, les héros de la série) sont basées sur le trompe l’œil, l’art du changement d’apparences ou d’identité etc.
La franchise à donc été reprise par Tom Cruise et depuis, l’agent Ethan Hunt mène la vie dure à cet autre agent secret vénéré par les cinéphiles, James Bond. Il faut dire que d’un côté, depuis Goldeneye, on est en droit d’être déçu par les aventures de 007. En revanche, les aventures d’Ethan Hunt sont bien plus exaltantes.
Le premier épisode, réalisé avec brio par Brian De Palma, trahissait un peu l’esprit de la série. Le film est très centré sur le seul personnage d’Ethan Hunt et l’esprit d’équipe loué dans la série n’y est pas très affirmé. Néanmoins, ce Mission : Impossible reste plus que jamais un des meilleurs films d’action de ces dix dernières années.
La suite concoctée par John Woo, un autre géant largement rôdé à ce genre d’exercice était déjà plus décevante et encore plus éloigné de l’esprit d’origine de la série. Woo impose certes sa patte (Duel de bolides, gunfight, envol de colombes etc.) mais cela ressemble beaucoup trop à du recyclage. Dans M:I II, trop de faux-semblants tuent un peu l’intérêt qu’on lui porte. Reste bien sûr cette réalisation particulièrement efficace ce qui est d’ailleurs, peut-être, l’intérêt suprême dans un film d’action.
En embauchant J.J Abrams le créateur de Lost mais surtout d’Alias, Tom Cruise a flairé la bonne idée. Il faut dire qu’Alias » est assez clairement l’héritière de Mission : Impossible, tant là aussi travestissements et jeux de dupes sont permanents.
M.I à donc pris définitivement ces distances avec la série d’origine. M.I 3 n’a que de vagues liens de parentés avec la série des 60’s et semble au contraire largement lorgner du côté du feuilleton qui à propulsé Jennifer Garner sur le devant de la scène.
Et pour le coup, cette troisième mission ressemble très, très fort à un épisode de 2h d’Alias !! Ce qui est tout sauf un hasard. Abrams n’a pas transposé radicalement le style de sa série sur la franchise de Cruise mais il a repris pas mal de codes qui l’identifie : un sens du rythme très similaire, une bande-son, lors des scènes d’actions, largement semblable à ce qu’on entend lors des missions de Sydney Bristow et aussi, par exemple, ce personnage d’informaticien, copie identique du Mitchell d’Alias.
Ce n’est pas un hasard non plus si, cette fois, Ethan Hunt a une famille. Dans Alias le thème fondamental est clairement cette parenté que Sydney entretient avec les divers protagonistes qui l’entourent (père(s), mère, sœur, amant(s) ami(es)).
Ainsi, en 2006, Ethan Hunt semble s’être rangé de son activité d’agent secret. Il est sur le point de se marier à une modeste interne à l’hôpital de Los Angeles et mène une vie apparemment paisible entouré par ceux qui l’aiment. Il sera appelé à la rescousse lorsque l’agent qu’il a formé devra être sauvée. Et puisque la mission échouera, il lui faudra ensuite obtenir vengeance. Dans cette mission, l’aspect confraternel est déjà plus présent que dans les films précédents. Quelque part, cela humanise un peu Ethan.
Mais au bout du compte, l’action prime, bien entendu. Car soyons clair, l’aspect intime de M.I 3 est très peu convaincant et il semble difficile de s’émouvoir sur le tournant que prend la relation entre Tom et la très belle Michelle Monaghan (Kiss Kiss Bang Bang).
On a donc droit à un film d’action du meilleur cru avec des scènes on ne peut plus spectaculaires. On n’en demandait pas plus.
Benoît Thevenin
Mission : Impossible III – Note pour ce film :
