Festival de Deauville 2009/ En compétition
Quatre personnes enfermées dans une pièce pour un test médical se rendent compte bientôt qu’ils sont en fait les cobayes d’une expérience top secrète qui engage leurs vies…
A la différence de Cube et Saw, deux films dont on pense immédiatement lorsque l’on pénètre cette salle, The Killing Room ne fait pas de la présence plus ou moins hasardeuse de ses personnage un quelconque mystère. Le titre lui-même révèle déjà tout. L’enjeu est obligatoirement ailleurs. Le film se déroule quasi intégralement dans le huis clos de cette chambre d’exécution. Un seul en réchappera et cette donnée initiale révélée sans tarder aux personnages va conditionner leurs relations. L’expérience scientifique ne vise qu’à la manipulation psychologique des quatre. Pour quelle finalité ? Nous l’apprendrons qu’en conclusion.
Un carton en préambule nous informe qu’un projet top secret de même nature a réellement été mis en place un temps aux Etats-Unis, sous l’égide du FBI, mais que rien ne prouve qu’il n’a pas été discrètement remis au goût du jour… Toutes les informations essentielles nous sont clairement mises sur la table. D’un côté, les cobayes, de l’autre les scientifiques qui mènent l’opération. Le film commence avec l’intégration au projet d’une jeune scientifique (Cloé Sevigny) par son responsable (Peter Stormare).
Le pitch est relativement prometteur mais jamais le film ne convainc. Le jeu manipulatoire qui est orchestré devant nous semble n’avoir aucune réelle justification théorique ou logique, même si progressivement, l’ombre d’Al Quaïda pointe. Les scientifiques diffusent des enregistrements sonores de dialogues en arabe pour conditionner les prisonniers. La démonstration reste faible et peu convaincante et la conclusion, toute idéologique qu’elle soit, ne parait qu’être un prétexte pour expliquer le jeu de massacre opéré progressivement auparavant. Le film n’a d’autre intérêt que le suspens que le réalisateur arrive quand même à installer. Quel sera le prochain à mourir ? Réussirons t’ils à trouver la parade ? Pendant un temps, il n’est pas exclu dans la tête des spectateurs qu’une solution existe, comme dans Saw.
Le film dégage assez de tension pour être efficace un petit moment, mais finit par tourner en rond. The Killing Room se nourrit des traumatismes de l’après 11 septembre, rend compte d’une paranoïa gouvernementale qui contamine les civils. Ce sous-texte là n’est cependant pas clairement le propos du film, plus intéressé par l’entreprise sadique et macabre mise en place par les scientifiques-tortionnaires. La contextualisation politique parait juste être un prétexte. Jonathan Liebesman, réalisateur de Nuit de Terreur et Massacre à la tronçonneuse : Le commencement, n’était de tout façon pas attendu pour un film idéologique. The Killing Room n’en est pas un, bien qu’il se nourrisse de théories conspirationistes. Le film y trouve une justification bienvenue tend la violence parait dans un premier temps seulement gratuite.
La relative audace du propos masque quand même mal la fragilité de la dénonciation. Si tel avait été le cas, la démarche paraît malhabile, voire assez stupide. Le cinéaste avait plus grand intérêt à choisir clairement son camp : un film claustrophobique, violent et perturbant qui s’assumerait en tant que tel sans alibi foireux, ou bien de construire un récit qui lèverait le voile de manière bien plus rigoureuse sur l’existence supposée de ces chambres d’exécution. La tentative de mêler l’un et l’autre aspect se veut originale mais demeure malgré tout totalement vaine.
Benoît Thevenin
The Killing Room – Note pour ce film :