Affecté par une crise existentielle, Paul Giamatti se voit recommander par son agent La Banque des âmes. Cette petite clinique privée propose de délester les patients de leurs âmes pour les apaiser et Paul Giamatti, d’abord sceptique, se laisse convaincre… sans mesurer les conséquences.
Il y a tout juste dix ans, Spike Jonze nous invitait à rentrer Dans la peau de John Malkovich (Grand Prix à Deauville en 99..). Le film était scénarisé par Charlie Kauffman, qui écrira quelques années plus tard Eternal Sunshine of the spotless mind. En découvrant Cold Souls, on ne peut s’empêcher de penser à ses deux films. D’une part, nous pénétrons dans le quotidien artificiel d’un comédien connu (cf. John Malkovich) et d’autre part, comme dans le film de Gondry, le personnage principal va regretter son choix de souscrire aux procédés expérimentaux d’une obscure clinique.
La démarche adoptée par Sophie Barthes est quand même au final très différente tant la réalisatrice concède finalement assez peu de place à la fantaisie, contrairement aux films précités. Cold Souls fonctionne quand même parfaitement, trouve un ton propre, et doit beaucoup à Paul Giamatti, impliqué à plus forte raison qu’il joue son propre-rôle et qui porte là tout le poids de cette étrange histoire sur ses épaules.
Cold Souls intrigue et tient ses promesses. A partir d’une trame improbable et impalpable (quoi de plus immatériel que l’âme ?), Sophie Barthes multiplie les pistes, n’en abandonne jamais aucune en chemin, ne nous perd pas, et réussi une oeuvre vertigineuse qui sonde avec subtilité les tourments de l’âme humaine. Faut-il rappeler que l’âme n’est qu’un concept religieux et philosophique ? Le film réussit à nous la faire considérer réellement comme un organe du corps humains, au même titre que le coeur, comme l’argumente le docteur Flinstein (David Strathairn) auprès de Paul.
Le film est d’autant plus réussi que le travail de mise en scène se hisse à la hauteur, à la fois sophistiqué, précis et qui coïncide parfaitement avec le contenu. Sophie Barthes réussit aussi à mêler son univers à une réalité sordide et terre-à-terre (le trafic d’organe, la spéculation financière) avec une habileté telle qu’aucun de ses choix ne paraît pouvoir être remis en question. Il y tant de films dont on se demande s’ils ont une âme, qu’inévitablement on s’interroge concernant Cold Souls. La réponse est positive, tourmentée mais positive, et même précieuse, profonde et, par moment, carrément poétique.
Une belle réussite qui n’avait rien d’évidente car, si le sujet initial est prometteur, il faut reconnaître aussi qu’il était sacrément casse-gueule.
Benoît Thevenin
Âmes en stock – Note pour ce film :
moi aussi, moi aussi j’ai adoré! Je viens de lire sur cinémaniac que Sophie Barthes se serait inspirée de sa lecture de Jung, et je trouve brillantissime qu’on puisse ainsi intregrer des concepts complexes de psychologie dans un film . Bon comme d’hab on se complète donc tu sais où me lire si ça t’amuse. Cheerios . V
Idem j’ai mis 3 étoiles. Une idée excellente qui voit Paul Giamatti passer par tous les stades des émotions. Les dialogues sont parfaits notamment dans les scènes de crises où le jeu des acteurs a toute son importance. L’humour est cynique, voir noir mais non dénué de philosophie. Film culte en devenir.