Après être sortit de sa prison pour L’expérience, Oliver Hirschbiegel s’enferme dans un bunker berlinois pour témoigner des derniers jours du dictateur Adolphe Hitler. Il est aisé de comprendre le déni de Wenders pour ce film. Le côté hollywoodien, mélodramatique et aussi manichéen, peut avoir un côté très dérangeant sur un sujet tel. Ce qui peut rebuter également c’est l’abstraction logique faite à l’ensemble du parcours Nazi de 33 à 45. Il ne s’agit ici que des 12 derniers jours et on ferme forcément les yeux sur le reste. Mais nous sommes assez documentés aujourd’hui pour savoir de toute façon de quoi il retourne…
Le travail de reconstitution donne une idée assez précise de ce qui a pu se passer. Le film fait véritablement preuve d »authenticité. Ensuite, sûrement sont-ce les limites du cinéma et de la narration, mais certains personnages humanisés jusqu’à la caricature posent quand même un petit problème. De la secrétaire ingénue dont il est difficile de croire une seconde que pendant toutes ses années elle soit resté ignorante de ce qui se passait, au gentil médecin nazi au cœur gros comme ça, en passant par le commandant dont l’exécution est filmée avec trop de compassion pour sa personne, il y a quand même des réserves à émettre.
Le tord du film est peut être de n’être qu’un honnête spectacle. Hitler n’est certainement pas rendu sympathique, sa mégalomanie et son jusqu’au boutisme sont même terrifiants mais le film n’a en aucun cas vocation à être un cours d’histoire. Il participe au devoir de mémoire de chacun, allemand ou pas, témoigne du douloureux redressement de l’Allemagne, l’exorcisation de ces démons, la rédemption d’un peuple sans pour autant verser dans la mièvrerie ou le pathos, ni même la démonstration didactique…
Le film est efficacement réalisé, avec une pression constante et habilement entretenue. La scène du suicide de Gœbbels est assez forte mais à quelque chose de douteux dans sa théâtralité. Celle de l’assassinat des enfants de Goebbels par leur propre mère est un point culminant du film, d’extrême tension même. Quand à Bruno Ganz, il est effrayant de crédibilité.
Benoît Thevenin
La Chute – Note pour ce film :