La Raison du plus faible de Lucas Belvaux (2006)

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Quelques semaines après la sortie du film de Lucas Belvaux, le 19 juillet 2006, une affaire était jugée aux assises de Saint-Omer.

Un ouvrier de 37 ans, ex-travailleur à la fonderie de Noyelles-Godault, une entreprise qui avait employé les hommes de sa famille depuis trois générations, pétait les plombs suite au licenciement dont il fut la victime lorsque la société, devenue Metaleurop en 2003, ferma ses portes. Le soudeur-chômeur, criblé de dette, choisit d’attaquer banques et station d’essence pour compenser sa misère sociale. Le jugement en assise le condamnait finalement fin septembre à huit ans de prison…

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Ce cruel fait-divers à tout d’un conte moderne. Et raconter cette histoire permet de placer le film de Lucas Belvaux dans le juste contexte dans lequel il s’inscrit. Dans son film, une bande de chômeurs décide de braquer l’entreprise qui les a licenciés pour payer une mobylette neuve à l’épouse de l’un d’entre eux.

Alors Lucas Belvaux ne s’est pas forcément inspiré de l’histoire évoquée plus haut mais cette simple affaire alimente en tous les cas beaucoup la force de son propos. Car si le film a quelque chose d’effectivement dur, le traitement par le réalisateur et le jeu des acteurs permettent de dégager une sincérité de ce film ce qui ne lui confère que plus d’impact.

raison du plus faible

Le film révèle donc la terrible violence sociale exercée sur les plus faibles. Le titre est parfait en ce sens qu’il rend bien compte de cette société coupée en deux et ou le plus faible trouve des raisons à ces actes que le ‘plus fort’ ne peut comprendre. Dans ce film, il y a le repentis qui ne peut retrouver le droit chemin, il y a ces égarés que l’on maintient à l’ombre, ces handicapés pour lesquelles personne n’éprouve la moindre considération, ces ouvriers qui ont voués leurs vies à une entreprise qui les précipites dans la détresse en guise de politesse etc..

La société décrite par Lucas Belvaux est une société d’exclus. Et comme toujours la société sera celle qui a raison. Personne ne triomphe d’elle mais les victimes, si elles tombent, ne tombent qu’en martyr, fidèles à leurs idéaux. Mais s’il y a une morale à cette histoire, c’est bien qu’il ne faut jamais baisser les bras et, au contraire, toujours lutter.

Benoît Thevenin

Bibliographie :

  • Huit ans de prison pour le chômeur-braqueur de Metaleurop, Geoffroy Tomasovitch, Le Parisien, 30/09/2006.
  • Les Braquages-suicides d’un ancien de Metaleurop, Haydée Saberan, Libération, 28/09/2006


La Raison du plus faible – Note pour ce film :

Sortie française le 19 juillet 2006

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