Hannibal de Ridley Scott (2001)

Cet article a été écrit & publié en 2001 pour le site L’Autre Cinema.

Quand en 1990 sort Le Silence des Agneaux, tout le monde s’accorde pour dire qu’il s’agit de la plus grande réussite du cinéma de Serial Killer depuis le Psychose d’Hitchcock, trente ans auparavant.

Dix ans plus tard, les tueurs en série sont revenus à la mode, sans doute du fait des succès de Se7en et Scream. Ce n’est donc pas un hasard si Thomas Harris à finalement accepté de livrer une suite à la ténébreuse histoire d’Hannibal Lecter. Le silence est ainsi rompu et cette suite cinématographique s’avère particulièrement étonnante.

Hannibal, sans Jodie Foster ni Scott Glenn, est suffisamment différent du Silence des agneaux pour que l’on puisse considérer les films indépendamment l’un de l’autre. Et encore plus si l’on convoque le souvenir du Sixième Sens de Michael Mann, adaptation du Dragon Rouge de Thomas Harris et qui marquait la première apparition du personnage d’Hannibal Lecter.

Le Silence des Agneaux est terrifiant comme les crimes et le comportement de celui qui guide la jeune Clarisse Starling. Hannibal est lyrique et raffiné comme la partition de Bach jouée au piano par ce même animal, cette fois traqué. Pour apprécier Hannibal, il faut d’abord évacuer le souvenir du film de Demme tant Hannibal est l’antithèse du Silence des Agneaux, autant dans son ambiance que dans sa forme. A la mise en scène sobre de Demme se substitue les cadre élégants et baroques de Ridley Scott. Cette suite est en fait une succession de tableaux.

Hannibal ne mise rien sur la terreur qui parcoure Le Silence des agneaux. Il s’agit au contraire d’un film profondément cynique et grandguignolesque. Hannibal se moque des pulsions morbides qui motivent les spectateurs à venir voir une suite au Silence des agneaux. Du gore léger, avec les sanglier ; du burlesque génial lors du dîner et un sadisme malin finement assaisonné en conclusion de ce film policier classique dans sa narration et sans frisson. Ridley Scott tourne en dérision tous les codes du film policier et livre le film que l’on attendait surtout pas.

B.T, février 2001


Hannibal – Note pour ce film :

Sortie française le 28 février 2001

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Aucun commentaire sur “Hannibal de Ridley Scott (2001)”

  1. Frasse-Mathon Michaël dit :

    Je tiens à préciser que le film suit scrupuleusement le roman, donc Ridley Scott, en bon technicien qu’il est, n’a fait que suivre la narration du livre de Thomas Harris… qui est également un curieux objet littéraire ! Le mérite de Scott est qu’il a suit adapter sa mise en scène au sujet, mais là encore, il est coutumier du fait.

  2. Benoît Thevenin dit :

    Oui, je suis assez d’accord. J’avais lu le livre aussi, dès sa sortie en librairie et donc un temps avant que le film ne sorte. Ridley Scott, avec le concours aussi d’Anthony Hopkins, accentue brillamment le côté grandgignolesque. Cet Hannibal, c’est un énorme pied de nez à ceux qui attendaient un suite très classique aux Silences des agneaux ! D’ou p.e sa mauvaise réputation..

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