La crise économique que nous traversons depuis plus d’un an permet à un film comme Rien de personnel de trouver une certaine raisonnance par rapport à l’actualité et par la même une relative légitimité. Mais l’effet n’est pas toujours garanti…
L’originalité du film – premier long-métrage de Mathias Gokalp- tient à sa construction narrative, selon le principe du zoom arrière. La procédé technique n’est pas utilisé mais symbolise le mode de narration choisit par le cinéaste. En clair, l’intrigue est raconté une première fois et fonctionne comme un court-métrage d’un quart d’heure, avec intro-dévelloppement-chute. Les deux autres parties, toujours plus amples (25 min puis 50 min), sont des versions chaque fois plus complètes de l’histoire, avec des faits cachés initialement et qui nous font réenvisager complètement les rapports entre les personnages. On prend successivement un peu plus de recul par rapport au pitch de départ. L’astuce n’est pas si complexe et on frôle le danger d’une répétition qui serait assez insupportable pour le spectateur. On ne tombe heureusement pas dans ce piège là, justement parce qu’à chaque fois l’intrigue qui se tisse est complètement réenvisagée à la faveur des faits nouveaux qui nous sont exposés…
Cette construction relativement alambiquée permet de maintenir un intérêt qui se dilue par ailleurs assez vite. Rien de personnel se nourrit peut-être du contexte de crise mais ne diffuse aucun message pertinent. Pire, on en revient fatalement à la caricature du méchant patron sans scrupule. Tout aussi pauvre du point de vue de la mise en scène, très impersonnelle, sans âme et sans cachet, le film est obligé de s’en remettre à ces comédiens. Ils s’en tirent pour la plupart très bien, sans réussir à éléver le film au-delà du cadre anecdotique qui est le sien.
Benoît Thevenin
Rien de personnel – Note pour ce film :