Goscinny est à la mode. Nous fêtons en ce moment les 50 ans d’Asterix, Le Petit Nicolas est un triomphe au box-office et Lucky Luke débarque maintenant avec un objectif commercial équivalent. Mais René Goscinny est maudit, pauvre de lui ! Chacune des adaptations cinématographiques des bandes-dessinées crées et scénarisées par ses soins sont de véritables naufrages. Iznogoud par Patrick Braoudé, Asterix par Zidi puis Langmann (c’est quand Chabat prend ses libertés et impose sa patte qu’il réussit lui à séduire), Le Petit Nicolas par Tirard, tous ces films sont plus catastrophiques les uns des autres.
Lucky Luke n’a pas beaucoup été épargné non plus jusque là (Cf. Le Juge de Jean Girault, le Lucky Luke de Terence Hill ou Les Dalton de Philippe Haïm avec Eric et Ramzy), et l’on ne pouvait guère imaginer que James Huth puisse faire pire. Le problème c’est que son film n’est pas beaucoup meilleur.
Ce qui fait la différence, c’est sans doute les moyens mis à la disposition du cinéaste, quoique l’on puisse s’interroger sur l’opportunité de tourner le film pendant quatre mois en Argentine si c’est pour nous faire profiter si peu de l’exceptionnel contexte géographique que la production s’est offerte…
James Huth affirme volontiers sa passion pour l’univers de Lucky Luke, ce que n’importe quel cinéaste vous racontera dès lors qu’il s’attaque à un personnage autant culte. Il n’y a guère que Spielberg qui puisse se permettre de dire que Tintin c’est pas son truc à la base… Pour le coup, on serait tenté de croire en la franchise du réalisateur. L’univers de la bande-dessinée est ici plutôt bien décliné, avec un soin particulier accordé aux détails qui font la singularité de Lucky Luke par rapport à n’importe quel western traditionnel.
Mais ça ne suffit pas à faire un film. Encore faut-il avoir des idées. Le seul sourire que Lucky Luke arrive à nos arracher, n’est qu’un gag pédestre recyclé de Brice de Nice, dont James Huth était déjà coupable. Clovis Cornillac révélait un curieux orteil, Lucky Luke montre lui la taille de ses ongles… Lucky Luke revendique le statut de comédie mais malheureusement ce n’est jamais drôle. On ne se sent même pas coupable de ne pas avoir rit, la salle comble dans sa complète intégralité n’a pas esquissé plus d’éclat jovial…
En revanche, Lucky Luke consterne tout le long. D’une part Jean Dujardin, toujours très efficace lorsqu’il table sur son flegme et son sens du second degré, ne convint cette fois pas du tout, malgré qu’il ait la gueule de l’emploi, car justement il incarne un Lucky Luke tellement premier degré qu’il n’en est jamais drôle. D’autre part parce que les seconds rôles, principalement Michael Youn en Billy The Kid et Melvil Poupaud en Jesse James sont simplement affligeants. Ce n’est pas tant surprenant concernant Youn, contrairement à Melvil Poupaud, contraint d’emprunter une voix grossière et de réciter en permanence Shakespeare pour ce qui s’apparente à un running gag du plus mauvais effet. Alexandra Lamy n’est pas beaucoup plus convaincante. Elle est certes la seule à ajouter une petite touche glam’ à cet univers typiquement machiste, mais la séquence de danse dans laquelle elle apparaît est aussi peu sensuelle qu’elle n’y paraît à l’aise dans son corset…
Sylvie Testud en Calamity Jane et Daniel Prévost s’en sortent eux honorablement, mais ne peuvent porter le film à eux seuls. Forcément, puisque tout le film est bâti sur les épaules de Jean Dujardin. Mais si l’acteur n’est ici pas à son avantage, c’est parce que le scénario épouse un chemin assez étrange. Pendant les 2/3 tiers du film, le personnage de Lucky Luke vit une crise existentielle qui plombe totalement le métrage, d’où le jeu très premier degré de Dujardin. C’est peut-être ça la clé, on est pas là pour plaisanter ! Le problème c’est que l’on identifie clairement toutes les tentatives pour nous étirer les zygomatiques, mais que ca ne marche jamais. Lucky Luke n’est même pas de mauvais goût – quoi que la James Huth Bank dans Daisy Town… – il est juste sans saveur. Un ratage de plus pour Lucky Luke et une preuve supplémentaire que Goscinny est maudit (ou unlucky) au cinéma. La faute à qui ?
Benoît Thevenin
Lucky Luke – Note pour ce film :
Petite rectification à apporter à l’excellent article de Benoît Thevenin: il ne s’agit pas de Sandrine Testud mais de Sylvie Testud.
Merci pour la rectification !
Bon… J’avais envie d’y croire, pourtant ! Il est déprimant de voir combien on ne sait pas adapter les trésors de la BD francophone. Et la seule fois où c’est réussi (Mission Cléopâtre), il faut qu’un de ses auteurs, à savoir Uderzo, dise que cela n’est pas fidèle…
Désespérant.
Bonjour, la longue bande-annonce que j’ai vu récemment m’a suffi pour NE PAS avoir envie de voir le film. Le pompon, c’est Jolly Jumper qui parle. Le comble du ridicule. Bonne fin d’après-midi.
tout ça ne me dit rien qui vaille … lire cette critique me conforte
j’irais pas !
dommage, Dujardin s’il était resté dans son registre pouvait faire mieux avec le personnage et c’est vrai qu’il a vraiment la tête de l’emploi
euh … même l’affiche est moche …
James Huth… hummm… Non, rien !
J’irais pas, c’est sur…
Ceci dit l’affiche est très jolie !
confusion avec Sandrine Bonnaire je parie
à voir entre le Ruban et Mademoiselle Chambon pour un après-midi ciné éclectique , ce que j’ai fait ! ( j’y vais gratos , ma bien aimée étant expoiltante à plein temps )
Non, lapsus par rapport à Sandrine Testud, qui fût une bonne joueuse de tennis dans les années 90/début des années 2000