Réalisateur, producteur et acteur, Sydney Pollack s’est éteint lundi à l’âge de 73 ans. Il souffrait depuis quelques mois d’un cancer.
Réalisateur de près d’une vingtaine de longs-métrages, on doit à Pollack quelques films majeurs et dans des genres très différents : le thriller politique Les 3 jours du Condor, le drame On achève bien les chevaux, la comédie Tootsie ou encore le film d’aventure Jeremiah Johnson et la fresque Out of Africa.
Sydney Pollack débute sa carrière de cinéaste en 1966 avec Trente minutes de sursis. La même année, il réalise Propriété interdite, oeuvre qui marque la première des sept collaborations du cinéaste avec son ami Robert Redford. En 1970, son intense drame On achève bien les chevaux lui vaut pour la première fois une large reconnaissance. Sydney Pollack reçoit notamment sa première nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur, récompense qu’il obtient en 1985 avec Out of Africa.
C’est dans les années 70 que Sydney Pollack livre ces plus grands films. Il retrace en 1972 l’impressionnant destin de Jeremiah Johnson, avant de devenir à la suite d’Alan J. Pakula, un des fers de lance du cinéma politique américain des 70’s. Après Nos Meilleurs années dans lequel le couple Redford-Streisand se débat face à la chasse aux sorcières du sénateur McCarthy, Pollack enchaîne, toujours avec Redford, avec le thriller paranoïaque Les 3 jours du Condor.
Outre Redford, Pollack a dirigé quelques uns des plus grands acteurs de l’histoire du cinéma. Au début de sa carrière, il signe deux films avec Burt Lancaster (Les Chasseurs de Scalps en 1968, Un Chateau en enfer en 1970) puis dirige Robert Mitchum dans le polar nippon Yakuza (1975), Al Pacino dans Bobby Deerfield (1977) et Paul Newman dans Absence de malice (1982). Pour Pollack, Dustin Hoffman se travesti et devient Tootsie (1985), tandis que Tom Cruise est encore un jeune acteur prometteur lorsqu’il s’empare de La Firme (1993).
A partir des années 90, Sydney Pollack devient un cinéaste moins intéressant, s’égarant notamment dans un remake inutile du Sabrina de Billy Wilder et dans lequel Harrison Ford et Julia Ormond reprennent les rôles tenus à l’époque par Humphrey Bogart et Audrey Hepburn. Il dirige à nouveau Harrison Ford dans l’anecdotique thriller L’Ombre d’un soupçon (1999). En 2005, Pollack revient au thriller paranoïaque et offre avec L’interprète (avec Nicole Kidman et Sean Penn) un dernier grand film.
En parallèle de sa carrière de cinéaste, Sydney Pollack est aussi connu pour ses talents d’acteurs. On le voit dans Maris et femmes de Woody Allen (1992) mais c’est surtout dans Eyes Wide Shut qu’il se distingue (1999). Grand ami de Stanley Kubrick, c’est lui qui favorise le choix de Tom Cruise et de Nicole Kidman aux yeux du maître, de même qu’il remplace au pied levé Harvey Keitel suite au désistement de ce dernier.
Ces dernières années, Sydney Pollack avait conservé sa fibre politique. Outre L’Interprète, il est producteur de Michael Clayton de Tony Gilroy mais aussi l’auteur d’un téléfilm évènement pour HBO, Recount. Le film, toujours inédit, revient sur les élections américaines de 2000 et le recompte des voix de l’état de Floride, lequel permit in fine à George W. Bush de devenir président des Etats-Unis.
Benoît Thevenin