Kim Ki-duk s’est taillé une réputation et compte maintenant les cinéastes les plus importants de sa génération. L’Arc est son douzième film en 9 ans, le 4eme en deux ans soit la preuve de la boulimie créatrice du cinéaste.
Avec ce film, Kim Ki-duk décline ces thèmes de prédilection. Le personnage féminin, comme toujours chez lui, est un objet de convoitise soumis à l’animalité de l’homme. Une fois encore, aussi, les personnages sont isolés du reste de la société, ils sont des marginaux qui lutte et survivent, loin de tout. Le thème de l’eau est également essentiel (cf. L’Île ou Printemps, été automne etc.)
L’Arc se résume en une histoire d’amour passionnée et mutique. Comme souvent chez Kim Ki-duk, la communication entre les personnages ne filtre pas par la parole mais par des symboles forts. Ce mutisme est une marque de la marginalité de ces êtres, de leur mise à l’écart de la société. Kim Ki-duk à fait de ces héros muets une récurrence dans son œuvre. On pense ainsi notamment a l’anti-héros de Bad Guy, apparemment muet, qui se cache derrière la violence pour fuir son « anormalité ». Il n’arrivera à émettre des sons que lorsque son âme et son corps ressentiront une souffrance insupportable. Au pense aussi à Locataires et cette passion silencieuse qui engendre une chorégraphie majestueuse des corps.
Dans L’arc, cette incommunicabilité des personnages se traduit là encore par l’émergence de symboles et d’une forme de poésie typique du cinéma de Kim Ki-duk. L’arc du vieil homme symbolise l’autorité qu’il a sur la jeune fille. Il la protège de quelques personnages malveillants et qui cherchent à la détourner de lui, la menace lorsqu’elle se laisse tourmenter, joue de la musique avec pour apaiser sa fureur etc.
L’Arc se bâtit comme une fable tragique. La passion amoureuse vient chambouler un ordre mécanique. Comme avec Locataires, Kim Ki-duk envoûte par la beauté de ces images et des sons. Les sentiments qui habitent les personnages sont sans cesse contradictoires. Il y a un balancement constant, comme ces récurrentes scènes ou le vieil homme lit l’avenir à la pointe des flèches qu’il tire en manquant à chaque fois de blesser la jeune fille qui se balance devant la cible.
Il y a comme un jeu du chat et de la souris. Les personnages s’aiment, se rejettent, se déchirent, se réconcilient, fuient mais reviennent.
Laissez vous bercer par ce poème ensorcelant, la tendre innocence et la malice qui se cache derrière le visage de l’héroïne.
Le film s’achève sur ce carton :
» Force et beauté sonore, comme un arc tendu… Je veux vivre ainsi jusqu’à mon dernier souffle ».