Pour se voir promu maître d’oeuvre de la suite redoutée aux Terminator de James Cameron, il a bien fallu que Jonathan Mostow se taille une réputation. En 1997, il n’est pas connu de grand monde, sinon pour ce qui est paraît-il un honnête téléfilm intitulé Flight of Black Angel (1991). Breakdown est son premier long-métrage pour le cinéma, une série B typique, avec le casting qui va avec. Kurt Russell fait face à J.T Walsh sur les routes perdues du désert de l’Arizona.
Russell incarne un modeste conducteur de 4×4 qui après s’être fait kidnapper son épouse, se met en chasse de ceux qui l’ont enlevée. On pense inévitablement à Duel, grande référence du thriller routier, lorsque le poid-lourd piloté par Walsh surgit pour la première fois dans le rétroviseur de Russell (façon de parler, la rencontre ne se passe exactement comme ça). Mais on a tord. Jonathan Mostow déplace son suspens bien au-delà de la route, profite allègrement des paysages immenses et déserts qui lui sont offert. Il arrive ainsi à dégager rapidement une véritablement ambiance, trouble et peu à peu malsaine (cf. vers la fin, par exemple, cet enfant exhorté par ses parents de presser la gachette). L’intrigue est certes ponctuée de clichés mais ils sont autant de passages obligés d’un film qui respecte les codes du sous-genre dans lequel il s’inscrit, ne cherche pas à s’en démarquer absolument, mais se préoccupe plutôt de réussir un film prenant.
C’est là la grande qualité de ce Breakdown, thriller nerveux et haletant qui se déroule tambour battant, avec un sens du rythme affirmé que l’on reconnaîtra toujours ensuite dans les autres film de Mostow. Au-delà du seul rythme, le film s’avère un peu plus approximatif, s’autorise quelques facilités, quelques incohérences qui ne sont pas forcément des négligeances et qui ne nuisent en tout cas pas à l’efficacité d’ensemble du film. On peut imaginer que c’est justement cette efficacité qui obsède principalement Mostow.
Idéalement porté par Kurt Russell, toujours parfait dans la peau de ce genre de personnage ordinaire poussé à se confronter au plus près de ses limites, et par J.T Walsh, implacable méchant débonnaire, Breakdown est une vraie réussite, un honnête film de série B, bien maîtrisé et d’autant plus sympathique qu’il n’est pas parfait.
Benoît Thevenin
J’avais plutôt été agréablement surpris par ce film !