Hiroshima mon amour est de ses films qui marquent au fer rouge. Peut-être parce que ses personnages eux même le sont et parce qu’ils nous font ressentir leur douleurs incurables.
Hiroshima mon amour est aussi un poème, une ode à la vie, l’hommage et le deuil fait à l’un des drames majeurs du vingtième siècle.
Alain Resnais joue clairement je jeu des ambivalences. L’amour est impossible à Hiroshima après tant de misère. Mais après le chaos, il faut reconstruire, résister à la tentation de se laisser mourir après avoir survécu. Et Quel symbole plus juste que l’amour pour la vie ? Il y a donc cet écartèlement permanent entre le besoin de se souvenir et celui d’aller de l’avant. Un paradoxe tout entier contenu dans le dialogue que se livre les personnages. « Tu me tues, tu me fais du bien », « Je te mens, je te dis la vérité » et, bien sûr, « Tu n’as rien vu à Hiroshima, j’ai tout vu. Tout… ».
Hiroshima mon amour, un drame sentimental. Cette femme qui s’abandonne dans les bras d’un architecte japonais, restera t’elle avec lui ou retrouvera t’elle son mari et ses enfants en France. Le personnage joué par Emmanuelle Riva est sans cesse confronté à un double jeu. Il semblerait que c’est dans le conflit qu’elle puise la force de se souvenir alors que, dans le même temps, elle n’aspire qu’a oublier. Ce personnage résiste à toutes les conventions. En trompant son mari, elle va contre la morale. Mais finalement ce n’est rien par rapport à la blessure qu’elle garde encore de son premier amour, celui pour un soldat allemand, en pleine guerre. Lui à été fusillé et elle tondue pour la punir de son péché. Dans les bras de l’architecte japonais, elle trouve le souvenir de cet amant qu’elle ne peut se défaire. A lui, elle se confie, livre une histoire qui la hante et dont elle préférerait ne plus se rappeler. Un peu comme ses bombes à Hiroshima que l’ont préfèrerais savoir qu’elles ne soient jamais tombées.
De même qu’aujourd’hui chacun de nous se rappel se qu’il faisait quand il a apprit la chute des deux tours du World Trade Center, Emmanuelle Riva se souvient qu’elle faisait son chemin vers Paris. Elle fuyait un monde hostile sans savoir qu’elle finirait par en le retrouver sur les lieux même d’un autre drame. Les fractures morales qui la caractérisent ne seront jamais soignées. Si elles n’ont rien à voir avec les souffrances d’un peuple elles demeurent pour elle invivable. Emmanuelle Riva choisit de vivre malgré son désespoir. Elle trouve un réconfort dans l’intimité de l’architecte mais ce repos ne va que la faire souffrir davantage. Un nouveau dilemme s’impose a elle et il est insoluble. Chaque réponse qu’elle y donnera renforcera encore un peu plus sa peine.
Cette histoire d’amour raisonne comme une parabole. Il s’agit de l’hommage à un peuple qui a du faire le deuil de son passé, faire le choix de l’avenir, de l’ouverture vers un monde occidentalisé qu’il combattait encore depuis peu. Un japon toujours très respectueux de ces traditions car ce sont elles qui lui forgent son identité
Benoît Thevenin
Benoît Thevenin