Chris Weitz prend le relais de Catherine Hardwicke pour la réalisation du deuxième chapitre de la saga Twilight, mais ça ne se remarque pas immédiatement. Premier plan, apparition de Bella courant au ralenti. Second plan, apparition d’Edward.. au ralenti. On tic déjà, d’un simple point de vue formel.
Edward et Bella s’aiment et ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre. Les personnages n’auront de cesse de nous le marteler tout le long du film, ça n’échappera à personne, et d’autant moins si vous avez déjà vu le premier épisode. Du reste, l’amour impossible qui les lie est un amour martyrisé. Edward s’éloigne, abandonne Bella qui tombe en dépression.
Il ne se passe pour ainsi dire pas grand chose dans ce nouvel épisode. Chris Weitz élabore des enjeux qui se révèleront probablement dans les suites à venir. Bella tente de faire le deuil de son amour éternel, trouve un réconfort auprès de Jacob et ainsi se met en place un classique triangle amoureux. Ils seront clairement deux à convoiter le coeur de Bella, et même si cette dernière à fait son choix, le vaincu n’acceptera jamais sa défaite.
Twilight 2 est une variation de Roméo et Juliette. Le rapport est tellement évident que l’on se dit que si Twilight peut avoir une vertu, c’est celle d’inciter son public adolescent à s’intéresser à Shakespeare. Ici, ni Capulet, ni Montaigu, mais plutôt des familles de vampires et de loup-garous. La référence est explicitement assumée par le fait que Bella et Edward, pour la seule scène du film qui les réunit à l’intérieur d’une salle de classe, étudient avec leur professeur une adaptation cinéma de la pièce de théâtre. On devine alors que la mélancolie propre à Twilight renvoie à celle de Roméo. Les héros souffrent des rivalités inter et intra-familiales. Twilight 2 déclinera une bonne partie de l’intrigue de Shakespeare, avec deux Roméo qui se succèdent au balcon de leur Juliette (L’image clichée par excellence de l’histoire originelle) et jusqu’à une conclusion qui évite de justesse l’exacte mécanisme tragique de la pièce. La passion ne fera ici pas autant de dégâts, simplement parce qu’il y a une saga à poursuivre.
Twilight 2 est aussi un film sur les frustrations des amours adolescentes. Les personnages s’aiment assez pour éprouver, même sincèrement, l’illusion typiquement adolescente d’un premier émoi lycéen qui se muerait en amour éternel. Cela arrive, bien sûr, mais ce n’est en aucun cas une règle, plutôt un fantasme qui touche nécessairement les jeunes filles et jeunes garçons qui ressentent justement ces émotions à cet âge. Et cela peut raviver quelques souvenirs pour d’autres. Le récit de Twilight 2 est donc un récit de frustration, avec cette insatisfaction que les héros éprouvent à ne pas pouvoir vivre sans entrave leur passion. Bella est jeune mais prête à se destiner pleinement à son aimé, à s’engager auprès de lui sans possibilité de retour. La question du transfert de Bella dans le monde des vampires se substitue à l’enjeu traditionnel du mariage. Dès lors, l’ultime réplique du film, vous en conviendrez, nous paraît vraiment très lourde, mais à l’image du film en lui même, grossier dans la moindre de ses intentions.
Avec ce film on comprend néanmoins bien mieux encore qu’avec le premier ce qui passionne tant certains adolescents pour cette histoire. La métaphore est toujours très appuyée mais on devine que les tourments des deux héros évoquent les plus nobles aspirations romantiques des coeurs de midinettes, de tous âges d’ailleurs.
En tant qu’objet de cinéma, Twilight 2 n’intéresse en revanche pas davantage que le film inaugural. L’esthétique est certes cohérente avec l’univers et l’ambiance à l’intérieur du film mais on ne peut s’empêcher de trouver grotesques certains effets. Ces ralentis récurent finissent par s’imposer presque en marque de fabrique de la franchise, mais ils sont ridicules. Robert Pattinson, que l’on ne voit (heureusement) pas beaucoup dans cet épisode, apparaît de manière systématique au ralenti. A tel point que l’on se pose la question pour les fans lorsqu’ils ont l’opportunité d’approcher d’assez près leur acteur préféré, s’ils ne s’attendent pas à le voir surgir en mode lent ?
Narrativement, Twilight 2 permet de déplacer quelques pions, de fixer quelques enjeux qui se révèleront plus tard. Ainsi, le film nous paraît comme un épisode de transition mais l’on se dit dans le même temps que la saga tarde quand même à décoller. ..C’est justement l’impression que donne le film en lui-même, dont il faut vraiment attendre plus d’une heure pour qu’il se déroule véritablement quelque chose. Avant cela, l’intérêt est dans la romance étouffée et le spleen qui affecte les deux personnages, surtout Bella puisque c’est de son point de vue que l’histoire se suit principalement. Les amateurs de romances à l’eau de rose y trouveront facilement leur compte, tous les ingrédients sont effectivement réunis. Pour les autres, il est inutile de jouer les cyniques. Twilight 2 est mièvre, sans aucun doute, mais il s’adresse à un public qui en est demandeur…
Benoît Thevenin
Je n’ai toujours pas vu le 1er… mais j’en ai toujours envie.
Très bonne critique du film par Jean-Marc Lalanne dans Les Inrocks..
je viens d’aller lire la critique de Lalanne. La scène dont il parle pour ouvrir son article (cf 2e photo de mon article), je la trouve assez réussie et plutôt drôle. Après ce que je trouve drôle c’est qu’il parle grosso modo de la même chose que moi – on a donc vu le même film – et lui aussi retient la mécanique de frustration qui est le ressors même de cette histoire jusqu’alors, mais il n’en tire pas les même conclusions. Visiblement il aime (il trouve ça « gracieux » (SIC !!)); moi ca me laisse froid, ca ne fait pas remonter à la surface mon éventuel tempérament de midinette, ni mes souvenirs les plus « tendres » de ma vie adolescente.
Verdict 1 étoile, alors qu’a partir des mêmes constats ou presque, j’imagine que lui en accorde 3. lol
Cela dit, je serais vraiment sur le cul que tu prennes ton pied. Tu me diras quand tu auras osé te confronter à ça 😉
Bah j’attends de trouver le DVD à un prix raisonnable…