The Proposition de John Hillcoat (2005)



La sortie le 2 décembre dans les salles de La Route, adaptation attendue du best-seller post apocalyptique de Cormac McCarthy, invite a un certain intérêt pour le pédigrée du cinéaste. John Hillcoat a réalisé The Proposition en 2005, un petit bijoux d’une grande violence, qui sortira deux semaines après La Route. Une excellente initiative, même si on craint qu’en regardant les programmes, les spectateurs fassent la confusion avec (l’honnête) comédie romantique avec Sandra Bullock La Proposition, sortie a la rentrée…

La proposition dont il est cette fois question émane du capitaine Stanley (Ray Winstone), décidé à éradiquer la criminalité dans le pays sauvage australien. Avec ses hommes, il capture deux des quatre frères Burns soupçonnés du massacre récent d’une famille. Stanley propose un pacte a l’un des deux (Guy Pearce). S’il retrouve et ramène son ainé considéré comme le plus dangereux (Danny Huston), la vie du cadet sera épargnée…

The Proposition est la transposition d’un scénario du musicien Nick Cave, pour qui Hillcoat a réalisé quelques clips et commandé la bande originale de son premier long-métrage Ghosts… Of a civil dead (1990).

Réalisé en 2005, The Proposition précède L’assassinat de Jesse James (2007), le chef d’oeuvre d’un autre cinéaste australien, Andrew Dominik, dont on perçoit maintenant ou il est aller puiser une partie de son influence. On devine notamment ce qui a motivé le choix de Nick Cave et Warren Ellis pour la musique du film.

Les deux films partagent une même ambiance crépusculaire, mais à la différence de Jesse James, poétique et teinté de mélancolie, The Proposition est un film violent, foudroyant, et qui risque de marquer au fer le spectateur.

Les codes du western traditionnel sont adaptés au contexte de l’Australie du XIXe siècle : des bandits impitoyables, une espèce de shérif pour les traquer, un chasseur de prime, une ville au milieu de nulle part, une communauté de natives (ici les aborigènes) etc. Pour autant, même s’il respecte quelques codes, The Proposition est un film singulier, marque par son identité propre. Ici, il n’y aura nul héros, seulement une humanité divisée en deux et même trois, violente et cruelle de quel côté que l’on se place.

John Hillcoat ne s’autorise guère de compromis sur ce qu’il montre. La violence est filmée dans un refus de stylisation et avec un soucis d’authenticité très prononcé. Chaque tir perce nos tympans, chaque lacet du fouet martyrise presque nos corps. Le sang se mêle à la poussière et à la sueur. Les corps, morts comme vivants, son assaillis par les mouches. On devine une puanteur insupportable.

The Proposition est un film âpre, difficile, qui refuse tout spectacle mais impressionne malgré tout. La maitrise du cinéaste (mise en scène discrète, montage cut), l’image (cinémascope et une photo poisseuse par le français Benoit Delhomme) n’y sont pas étranger. Le charisme de l’ensemble du casting, l’ambiance mortifère, noire et désespérée, la musique envoutante de Nick Cave et Warren Ellis, non plus.
Il était temps que l’on découvre ce bijoux. On comprend aussi maintenant le choix de confier à Hillcoat le soin de l’adaptation de La Route

Benoit Thevenin


The Proposition – Note pour ce film :
Sortie française le 16 décembre 2009

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2 commentaires sur “The Proposition de John Hillcoat (2005)”

  1. Jerome dit :

    Pas d’accord sur le « refus de la stylisation ». La stylisation c’est justement de faire un film visuellement très beau (couchers et levers de soleil sur le désert), très lent, et d’y inclure de brefs éclats de violence gore. Pour moi, c’est se donner un style justement. L’effet de surprise me semble un peu facile, surtout qu’il est répété.

  2. Benoît Thevenin dit :

    Je parle d’un refus de stylisation de la violence. Bien sûr que le film est extrêmement stylisée. C’est ce qui en fait aussi toute sa qualité à mes yeux.

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