Vie, amour, souffrance, tout est douleur. Pour son premier film, Léa Fehner construit un récit fragmenté, réunit quelques destins qui ont en commun d’être tous plombés d’une façon ou d’une autre. Le seul point de convergence, c’est cette prison refuge de tant de vies brisées.
La jeune réalisatrice ne craint pas le pathos, dégoulinant de partout sans pudeur et jusqu’à l’écoeurement. Ah, bonjour les grandes phrases, les leçons de morales et cette logique compatissante qui éreinte à force de tirer sur nos cheveux pour arracher des larmes.
On a assez parlé de films aux sujets difficiles ici pour ne pas être accusé de ne pas supporter de voir représenté la misère. L’ennui ici, c’est ce côté forcé, convenu et même démagogique. L’ensemble est lourd, sans la moindre subtilité, avec des personnages bien trop lourdement affecté. L’histoire est tirée à grands traits et cousue de fil blanc, à tel point que l’émotion ne nous submerge même pas. On est juste affligé par cette somme de portraits presque caricaturaux, ou l’on est tellement sommé de trouver une empathie à laquelle se lier, que l’on est juste sidéré par tant de complaisance. Rien ne nous est épargné.
Là ou la cinéaste est bien plus à l’aise et convaincante, c’est par sa façon de construire son histoire. Le récit est très fragmenté mais bien tenu, solide même. Pour un premier film, cette réussite et cette qualité là, prouvent que Léa Fehner n’est certainement pas sans talent, ni sans courage. On voit même qu’elle à des choses à dire, trop peut-être à en juger par ce film. Les maladresses, la fausse modestie de l’ensemble sont quand même rédhibitoires. A 28 ans, il est peut-être un peu tôt, ou en tous cas osé, de se laisser aller à de telles velléités humanistes.
Benoît Thevenin
Qu’un seul tienne et les autres suivront – Note :