Dans les années 80, alors qu’il est encore un illustre inconnu, James Cameron réalise une série B en apparence commune, qui va pourtant devenir l’un des grands mythes cinématographiques de la fin du 20ème siècle. Bien qu’il n’ait encore pas la portée épique et philosophique de son successeur Terminator 2 : Le Jugement Dernier, Terminator pose les bases de la future mythologie autour de laquelle va graviter les noms aujourd’hui connus de tous de Sarah Connor, John Connor, Skynet, le T-800 ou encore Kyle Reese.
Dans cet épisode, le premier de la série, la guerre fait rage entre les hommes et les machines, dirigées par Skynet, un superordinateur qui a manqué d’éradiquer l’espèce humaine en 1997. L’action débute en 2029, sur une scène de bataille plutôt inquiétante où l’on voit des soldats résistants aux prises avec des robots massifs dotés de chenilles où volant dans les airs (les C-T). On nous explique alors qu’un Terminator a été envoyé dans le temps par Skynet pour éliminer la mère du futur leader de la résistance, Sarah Connor, tandis que le leader de la résistance, John Connor, a lui aussi envoyé un guerrier dans le passé, pour protéger sa mère.
D’emblée, on sent que James Cameron ne souhaite pas se limiter à la réalisation d’un divertissement banal, qu’il voit plus loin et envisage de traiter d’un univers plus large, comme en témoigne les flashbacks qui ponctuent le film,
lorsque que Kyle Reese se souvient de la guerre. L’une des premières scènes est celle de l’apparition du Terminator, campé par Arnold Schwarzenegger. Suite à une succession d’éclairs apparait un être qui n’a apparemment rien d’un être
humain, excepté l’apparence – si l’on fait abstraction de son visage impassible seulement animé par une volonté mécanique de tuer, car telle est sa fonction !
Le Terminator s’avance nu vers une corniche, de laquelle on a une vue imprenable de Los Angeles. En un plan, James Cameron nous résume toute la saga : le Terminator représente la menace imminente qui plane sur la civilisation humaine. Il domine. Ensuite apparait le sauveur, Kyle Reese (Michael Biehn). Souffrant et dérouté, comme en témoigne la réplique « Où sommes-nous ? En quelle année? », il nous semble terriblement fragile et peu à la hauteur face à son futur adversaire. Vient ensuite Sarah Connor (Linda Hamilton), que l’on découvre en train de se rendre nonchalamment à son lieu de travail sur son scooter. Une petite musique au piano est là pour souligner l’insouciance de la jeune femme – insouciance qu’elle perdra vite, quand elle se retrouvera poursuivie par le Terminator.
La narration est fluide, le montage rythmé. La mise en scène se révèle sobre mais toujours inspirée, James Cameron multipliant les climax, les situations tendues et les répliques cultes : « Je reviendrai », « Viens avec moi si tu veux vivre ». Les effets spéciaux, pourtant bien fichus pour 1982 (l’endosquelette, la guerre du futur ou le Terminator qui répare son œil), ne sont qu’un pâle reflet de l’intention du réalisateur, qui souhaitait déjà faire apparaître un être de métal liquide, chose qui lui était encore impossible à ce moment-là. L’homme est un visionnaire, et ça se sent à chaque scène ! Le film va plus loin en termes de spectacle que beaucoup de long métrage de l’époque. A chaque fois qu’on croit en avoir fini avec le Terminator, voilà qu’il revient, toujours plus fort, toujours plus déterminé ; lorsque le camion que conduit Schwarzenegger prend feu et explose, on pense que les héros ont gagné, mais alors qu’ils profitent d’un instant de répit bien mérité, voilà qu’un squelette de métal surgit des décombres pour les poursuivre ! Mais le génie et la générosité de James Cameron ne s’arrêtent pas là : même quand le squelette métallique explose à cause d’une grenade confectionné par Kyle, il se réveille et se met à ramper pour atteindre Sarah Connor, avant que celle-ci ne l’écrase sous une presse hydraulique. L’œil rouge du Terminator s’éteint, on sait alors qu’on en a fini, du moins pour le moment… la phrase finale est également brillante, car évocatrice de ce qui va suivre : « la Grande Tempête arrive ». James Cameron vient de poser les bases d’un mythe, et en même temps de réaliser un film culte.
Michaël Frasse-Mathon
Je ne peux que te suivre dans ta critique: James Cameron est un visionnaire. Ce film a certes vieilli (surtout au niveau des coupes de cheveux bien garni de Sarah Connor lol), mais le scénario, l’histoire et la réalisation restent impressionnant malgré les moyens sommaires de la production.
Voilà qui me donne envie de le revoir !
Une vraie leçon de cinéma, que tous les réalisateurs de blockbusters estivaux et qui disposent de millions de dollars à gâcher devraient suivre.
Ce qui impressionne dans cet opus, c’est l’efficacité : aucun temps mort, un rythme incroyable et un punch rare. Rien n’est laissé au hasard.