De Beaux lendemains (The Sweet Hereafter) d’Atom Egoyan

Cela commence par un drame épouvantable. Le genre de drame qui alimente trop régulièrement nos gazettes. Un accident de car scolaire. Quinze enfants meurent… Soudain, une petite localité canadienne est plongée dans l’effroi le plus total, le plus légitime aussi. Atom Egoyan, cinéaste émérite, méconnu mais passionnant, livre un témoignage sincère et poignant. Il relate le gouffre qui va subitement s’instaurer entre l’avant et l’après drame. Car, bien entendu, plus rien ne sera comme avant.

Egoyan ne se lamente pas, il ne cherche pas à faire pleurer dans les chaumières. Si des larmes perlent, c’est parce que le film est simplement touchant. Il n’y a pas là d’artifices, juste une subtilité de regard. Egoyan capte la vie qui se réinstalle. La vie sera, à jamais, plus forte que la mort. S’il montre que les drames ponctuent l’existence de manière irréversible, on voit aussi la vie reprendre son cours, simplement parce qu’il le faut. On cherche le courage là où il est, même si les secrets inavoués, les lâchetés des uns, menacent le peu d’équilibre qui subsite.

La douceur de Sarah Polley, le cadre d’un blanc magnifique contraste avec la violence des tourments intérieurs de chacun. Cette communauté est marquée au fer rouge pour toujours. Si la vie se réorganise donc peu à peu, les fantômes continuent de hanter. Le malaise est profond mais Egoyan en tire une justesse poignante. De Beaux lendemains, comme son titre résolument positif l’indique, est un chant d’amour à la vie. Troublant.

Benoît Thevenin


De Beaux lendemains – Note pour ce film :
Sortie française le 8 octobre 1997

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