True Lies : Le Caméléon (True Lies) de James Cameron (1994)

A l’été 1993, Last Action Hero connait un cuisant échec au box-office (50 millions de dollars de recette aux Etats-Unis, pour un budget de 85 millions). Arnold Schwarzenegger reste bankable mais se doit de rebondir immédiatement. Il se tourne vers James Cameron, celui qui mieux que n’importe quel réalisateur a réussit à le porter au pinacle, pour la réalisation de True Lies. Le film est un remake de La Totale, modeste comédie réalisée par Claude Zidi et l’un des principaux succès du box office français en 1991. Le projet n’est en rien personnel à Cameron mais le cinéaste accepte la commande.

Jusqu’alors, Cameron est l’auteur de films sérieux, spectaculaires et relativement noirs. Il y a une certaine curiosité à le voir se confronter à la comédie. Pour autant, les moyens sollicités par Cameron n’ont aucune commune mesure avec ceux déployés par Zidi pour La Totale. Le film français misait davantage sur l’humour que sur l’action. La démarche de Cameron est diamétralement opposée. Le cinéaste, qui commence déjà à nous habituer aux projets les plus fous, explose un nouveau record. Le budget de True Lies avoisine les 120 millions de dollars. Il est en 1994 le film le plus cher jamais réalisé à Hollywood.

Cependant, Cameron n’est pas du genre à dilapider l’argent dont il dispose. L’investissement consenti dans ses films, on le voit et True Lies ne fait pas exception. A l’été 1994, le principal film d’action en concurrence avec True Lies est Speed de Jan de Bont. Certes, True Lies a coûté trois à quatre fois plus cher que son rival, mais la qualité du spectacle proposé n’est pas plus comparable.

Avec True Lies, James Cameron explose une nouvelle fois tout, pas dans le sens où son cinéma serait bourrin, mais plutôt parce qu’une fois encore, il dépasse tout ce qui a déjà été vu précédemment. Dans le genre comédie d’action, les références sont à chercher du côté d’ Hudson Hawks (1991) ou Last Action Hero (1993). Il nous parait incontestable que True Lies est nettement plus fun que ces films. True Lies lorgne finalement plus du côté d’Indiana Jones – pour l’efficacité humoristique toujours – et soutient plutôt bien la comparaison. Les répliques fusent, les gags fonctionnent (la fameux scène de striptease de Jamie Lee Curtis).

En termes de spectacle, Cameron parvient une fois encore à se surpasser. C’est presque du jamais vu, pour l’époque s’entend. La barre avait déjà été placée haute, avec Terminator 2 (1991), mais le cinéaste réussit à aller encore plus loin avec True Lies. La séquence de la poursuite à cheval, celle finale de l’avion, sont parmi les scènes les plus impressionnantes qui aient été réalisées, encore aujourd’hui. Pour sûr, les quelques cascades de Speed, sortit un mois avant True Lies dans les salles US, font pâles figures face à ce que Cameron propose, d’autant que cette ambition de spectacle s’accompagne toujours d’un véritable soin dans la réalisation et le découpage.

James Cameron offre une fois de plus ses lettres de noblesse au cinéma de divertissement. Les moyens mis en oeuvre sont colossaux mais rien ne dépasse. On est parfois proche du grotesque, du too much si emblématique du cinéma d’action des années 2000, mais James Cameron s’applique à ne jamais aller trop loin. Le film est parfaitement rythmé, décomplexé, tant dans ses dialogues que dans les scènes d’actions, et souvent drôle. Incontestablement, nous avons affaire là au meilleur, et au plus fun, film d’action de la décennie 90’s.

Benoît Thevenin


True Lies – Note pour ce film :
Sortie française le 2 octobre 1994

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Aucun commentaire sur “True Lies : Le Caméléon (True Lies) de James Cameron (1994)”

  1. Henri dit :

    Je me souviens du héros qui pour contrôler ce qui se passait sous son toit avait installé une caméra de surveillance. Je me souviens qu’à l’époque, les méchants étaient déjà des « arabes fanatiques », hyper caricaturaux et que cela ne posait pas de problème à grand monde. Je me souviens avoir été dégoûté par la laideur et la bêtise du film et être sorti, une des première fois de ma vie, de la salle au cours du film… Lettres de noblesse, vraiment?

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