Acteur star du cinéma taiwanais, vu notamment dans Hidden Whisper et Betelnut Beauty, Leon Dai est aussi réalisateur. Je ne peux pas vivre sans toi est son second long-métrage de cinéaste, après Twenty Something Taipei en 2002.
Le titre international est en espagnol, sans que l’on sache pour quelle raison (c’est dans cette langue qu’il sonne sans doute le mieux, on ne voit que ça). Puisque le réalisateur n’est pas présent à Vesoul pour présenter son film, on ne lui posera donc pas la question. Tant pis. C’est vraiment dommage car on aurait aimé lui dire à quel point son film est beau et nous a touché.
Adapté d’un fait divers, Je ne peux pas vivre sans toi démarre sur l’image d’un père menaçant de se jeter d’un pont avec sa fille qu’il porte. L’homme crie quelque chose comme « putain de société » . Un retour en arrière s’impose ensuite pour nous expliquer comment ce père en est arrivé à cette situation si désespérée.
Wu-hsiung vit seul avec sa fille de sept ans dans un petit port de pêche près de la ville de Kaohsiung sur l’île de Taïwan. Il mène une vie simple d’ouvrier et plonge tous les jours sous l’eau pour réparer des bateaux. Le papa souhaite inscrire sa fille à l’école, pour qu’elle bénéficie de la même bonne éducation que reçoivent tous les petits taiwanais normalement. Ce droit apparemment élémentaire va lui être contesté. Wu-hsiung se heurte aux réglementations administratives et se voit soudain menacer la perte de la garde de sa petite. La maman, qui a mit les voiles depuis longtemps, a accouché alors qu’elle était déjà mariée avec un autre homme. Le père n’a alors, aux yeux de la loi taiwanaise, aucun droit légal sur l’enfant.
Réalisé en noir et blanc, très lisse parce qu’en numérique, Je ne peux pas vivre sans toi est un petit film fragile, modeste mais incontestablement attachant. Les difficultés subies par Wu-hsiung ont quelque chose d’universel et les murs qui se dressent devant lui, on connait les même dans un pays comme la France. Joliment réalisé, le film nous touche pour ce qu’il dégage de sincérité, d’honnêteté dans son propos etc. De la compassion pour ce père, on en a forcément, d’autant qu’il est si bon, si prévenant, qu’on lui confierait volontiers notre petit chat et nos poissons rouges si l’occasion se présentait. De la compassion, on en éprouve mais sans qu’il s’agisse d’un film tire-larme. Leon Dai construit son film avec tact même si, c’est vrai, selon un parcours quelque peu obligé et convenu.
Leon Dai réalise un beau film, un drame intime qui souligne toute l’injustice qui peut prévaloir parfois dans l’organisation de nos sociétés. Dans sa conclusion, Leon Dai force un tout petit peu la chose pour nous émouvoir, mais avec simplicité et pudeur, signes d’une belle sensibilité. Difficile de ne pas être un minimum ému, surtout que le film est accompagné d’une petite mélodie sympathique, plus ou moins dans la veine des chansons dans les films de Miyazaki, et qui ne laisse pas insensible (et s’installe dans nos têtes).
Le film nous parvient quasiment en conclusion du festival de Vesoul et on l’imagine sans effort en favori pour le prix du public (malgré la concurrence de La Vache). En tout cas, Je ne peux pas vivre sans toi est déjà habitué aux récompenses, tout auréolé qu’il est de 4 prix aux Golden Horses Awards 09 (les Oscars chinois) dont ceux de meilleur film et meilleur réalisateur. C’est plutôt mérité car au-delà de son emprise émotionnelle, le film de Leon Dai est effectivement très joliment réalisé.
Benoît Thevenin
Filmographie sélective de Leon Dai :
1997 : Sweet Degeneration de Lin Cheng-sheng (Acteur)
1999 : March of Happiness de Lin Cheng-sheng (Acteur)
2000 : Hidden Whisper de Vivian Chang (Acteur)
2001 : Betelnut Beauty de Lin Cheng-sheng (Acteur)
2002 : Robinson’s Crusoe de Lin Cheng-sheng (Acteur)
2002 : Better than sex de Su Chao-bin (Acteur)
2002 : Double Vision de Chen Kuo-fu (Acteur)
2002 : Twenty Something Taipei (Réalisateur)
2006 : Silk de Su Chao-bin (Acteur)
2008 : Parking de Chung Mong-hong (Acteur)
2009 : No puedo vivir sin tu (Réalisateur)
Bonjour, nous sommes heureux de vous informer que le film de Leon Dai sera distribué en salle à l’automne 2010, sous son titre français : « Je ne peux pas vivre sans toi ». Auparavant, il sera projeté en avant-première dans le cadre du Festival Paris Cinéma, le 7 juillet 2010 à 19h30, au cinéma MK2 Bibliothèque à Paris, en présence de Leon Dai. Plus d’informations et mises à jour sur notre site : http://www.heliotropefilms.com