Moon de Duncan Jones (2009)

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Gérardmer 2010/Prix du jury et Prix de la critique

Ground Control to Major Tom (…).

Dès son premier long-métrage, Duncan Jones réalise son propre voyage dans l’espace, son propre Space Oddity. Duncan Jones n’est autre que le fils de David Robert Jones, plus connu sous le nom de David Bowie, et à qui on doit par exemple quelques bijoux musicaux comme Life on mars et Space Oddity. Le fils a lui choisit le cinéma et la mise en scène. Il semble affectionner comme son papa la science-fiction et embarque donc déjà pour un voyage dans l’espace. Ce n’est pas la vie sur Mars qu’il nous propose mais la vie sur la Lune, d’où le titre.

Sam Bell (Sam Rockwell) vit depuis trois ans à l’intérieur de la station lunaire de Selene. Il est en charge de l’extraction de l’Helium 3, ressource énergétique essentielle au maintient des niveaux de vie sur Terre. Sam est seul, ne cohabitant qu’avec un robot nommé Gerty, et n’entretenant ses liens familiaux que par le moyen de la visio-conférence. Il est à quelques jours de la fin de sa mission et de son retour sur Terre mais commence à être témoin de manifestations étranges, jusqu’à ce qu’il se retrouve confronté à un double de lui-même…

Si Moon rappelle inévitablement 2001, l’odyssée de l’espace (pour la relation à l’ordinateur) et Solaris (pour la confrontation au double), Duncan Jones ne verse jamais dans la citation ou dans l’hommage et réalise un film qui certes évoque donc quelques souvenirs cinématographiques mais s’en émancipe naturellement. Moon est aussi un film bien plus humble que les deux classiques du cinéma de SF pré-cités. Duncan Jones n’a aucune ambition philosophique ou humaniste et son film se regarde avant toute chose comme un suspens en huis-clos, un thriller claustro et parano.

Le film repose essentiellement sur les épaules de Sam Rockwell, seul à la manoeuvre et qui livre une double composition relativement subtile dans ses contrastes. Kevin Spacey, pour la voix de Gerty, est aussi un choix intéressant, l’acteur ayant déjà démontré depuis longtemps sa capacité à énoncer des dialogues sur un ton monocorde (cf. Seven). Moon bénéficie alors d’un casting solide ce qui importe énormément dans la réussite du film, par ailleurs bien construit et malin dans sa narration.

Le film est court, ce qui témoigne sans doute de la modestie de l’ouvrage, mais qui d’un point de vue simplement narratif fonctionne et tient la distance. Moon est tout à fait appréciable et l’on peut en saluer sa réussite d’autant qu’il ne représente que la première expérience de son cinéaste. Duncan Jones ne nous laisse cependant pas encore présager d’un talent hors norme, sa mise en scène reste impersonnelle et plutôt sage, malgré quelques très belles images. Il a aussi au moins su très bien s’entourer. Car au-delà du casting, le compositeur Clint Mansell signe une belle bande-son, qui donne au film tout son cachet et toute son ambiance.

Benoît Thevenin

Moon ****

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4 commentaires sur “Moon de Duncan Jones (2009)”

  1. Foxart dit :

    Je ne partage aucune de tes réserves et particulièrement je m’oppose à cette lecture premier degré d’un film qui n’aurait pas d’ambition philosophique ou humaniste du film, je le trouve au contraire très riche à ce niveau et il permet même divers degrés de lecture.
    Je pense que tu aurais tort de sous estimer cette dimension de la part d’un cinéaste qui – avant de se consacrer au cinoche – a tout de même décroché un doctorat de philosophie, en l’occurrence…
    Alors, certes, il ne s’agit pas d’un film concept à la 2001 ou Solaris, mais tout de même, c’est une oeuvre qui n’est ni anecdotique ni superficielle, à mon avis.
    Personnellement, j’adore le film, tu l’as compris !

  2. Foxart dit :

    Au fait, pour info j’ai même écrit un billet sur le sujet sur mon blog…

  3. Phil Siné dit :

    ça a quand même pas l’air mal… et puis un film dans l’espace, je me dois de voir ça ! :)

  4. Axel dit :

    Bon… ça commence à bien faire… encore un film qui sort directo en dvd, le 16 juin.

    http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18592033.html

    « Il n’aurait pas forcément rencontré son public au cinéma… »

    (en tout cas plus que « Le Baltringue » avec Lagaf qui n’est resté qu’une semaine à l’affiche…)

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