Ancien assistant de Bong Joon-ho sur Memories of murder, Lee Yong-ju réalise avec Possessed son premier long-métrage. Le néo-cinéaste a été à bonne école, son récit empruntant quelque peu la structure du film sur lequel il avait donc travaillé. Néanmoins, si Possessed figurait cette année en compétition à Gérardmer, c’est parce que l’enquête policière est largement teintée de surnaturel, ce que le titre suggère de toute façon…
Hee-jin (sublime Nam Sang-mi), étudiante toussotante, reçoit une nuit l’appel mystérieux de sa plus jeune soeur, So-jin. Le matin, elle est réveillée par sa mère qui lui apprend que So-jin a disparu. La police conclut rapidement à une fugue mais Hee-jin est convaincu que l’affaire est liée à la soudaine multiplication des décès dans le quartier. L’inspecteur de police interroge le voisinage et commence à deviner la grande complexité de l’affaire. So-jin, avant de disparaître, aurait été possédée par le démon…
Possessed est à la jonction de plusieurs genres, empruntant quelques figures, autant au polar qu’aux films de fantômes. S’il est dans la ligné des films fantastiques asiatiques qui peuvent nous parvenir, Possessed arrive quand même à sortir du lot, ne serait-ce parce qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un film de fantômes, et justement parce qu’il explore différents genres et de façon habile. Lee Yong-ju construit une intrigue assez tordue autour d’un immeuble, théâtre d’évènements traumatisants – des morts violentes – et inquiétants car étranges. Possessed est un film fortement empreint par le religieux, ou christianisme et chamanisme se côtoient et se heurtent à un même palier.
Lee Yong-ju réalise un film au scénario riche et complexe, qui multiplie les fausses pistes mais parfois jusqu’à l’excès. Le récit finit par trainer en longueur, par épuiser le spectateur à force de rebondissements et nous abandonne à un conclusion décevante. Dommage, car le film est par ailleurs plutôt bien maîtrisé, bénéficie d’une mise en scène sophistiqué et d’un casting parfaitement à la hauteur. Les scènes intimes entre Hee-jin et sa maman sont parmi les plus intéressantes et troublantes tant elle témoigne de l’ambiguïté de toutes les relations à l’intérieur de cette histoire. Le film mise sur ce registre là, avec des repères brouillés ou pervertis, quand ils ne sont pas simplement absents.
Un intéressant premier film, inégal et imparfait, mais plutôt agréable à regarder.
Benoît Thevenin
Hummm ça m’a l’air très très bien tout ça…
Malgré les réserves émises à la fin de ton article, je le sens bien celui là !!!
Aura-t’on une chance de le voir sortir au cinéma ???
Oh non, pondère tes attentes, ca reste très anecdotique. Ca se regarde, l’actrice est supra jolie, et la réalisation est soignée mais faut pas en attendre plus que ça je crois.. Une sortie en salle ? A mon avis, ne compte pas dessus.. Quand tu vois que dans la sélection de Gérardmer 2010, même « Moon » sort direct en DVD… Tu peux à la rigueur espérer que Wild Side, voir HKvidéo, se décident à l’éditer en France…
par contre, si tu veux voir des tueries asiatiques, penche toi si ce n’est déjà fait sur la filmo de Sono Sion. Il est au moins autant taré que Takashi Miike mais beaucoup moins inégal (pour ce que j’ai vu de lui du moins). Tu connais peut-être « Suicide Club ». Il y a aussi « Strange Circus » et « Exte » et puis sinon « Love Explosure », un très très grand film. Je vais essayer de parler de tous ces films mais j’ai du mal, d’autres sur le net le font bien mieux que je ne le fais et ont une toute autre culture du cinéma jap’ que moi. Je m’y attaquerai peut-être quand même, juste histoire d’aider ces films à se faire connaître…
Je n’en attends pas plus que ça… rassure toi…
Sono Ion, never heard of him ???
Je vais me pencher sur son cas…