Garden State de Zach Braff (2004)

L’inconvénient avec un film comme Garden State, c’est qu’avant même sa sortie, on nous rabâche les oreilles qu’il sera le film culte d’une génération. Inévitablement, se reporte sur nous une attente, des espoirs et, fatalement, le film fera ses déçus.

Pourtant, oui… Ce film est une vraie réussite. Culte ? Je n’en sais rien. On ne le saura qu’avec le recul quand, dans les cours de lycées et facs, les étudiants se refilerons le bon mots après s’être identifiés avec force aux personnages.

Car il est vrai que ce film à un côté attachant. Garden State ouvre accompagné par Dont’ panic de Coldplay et d’emblée on saisit la tonalité douce et mélancolique du film. Et tout du long, le film va garder cette fraicheur pop.

Zach Braff est malin. Les premières lignes du pitch peuvent faire peur… Un acteur de troisième zone rentre de Hollywood vers son petit patelin chic. Il est en froid avec son père mais c’est pour sa mère qu’il est revenu. Elle est morte. Il revient pour son enterrement.

A la manière de L’Etranger de Camus, le héros cache sa peine et paraît relativement désinvolte. C’est un peu de là que tient l’essence de la réussite de ce film. Zach Braff, héros de la série Scrubs,  manie à merveille l’art du décalage désinvolte. Cela provoque des petits rires emplis d’amertumes. Mais ainsi, il évite toute complaisance, tout pathos. L’écueil du retour au bercail est l’occasion donnée aux inévitables retrouvailles. Ses amis d’enfances ont tous fait leur vie. Renouer le contact n’est pas forcément simple. Mais Zach Braff manie son propos avec délicatesse. Là encore, c’est par la dérision qu’il parvient à nous émouvoir. Entre les retrouvailles avec le pote devenu flic, et celles avec « le Chevalier » d’un grand fast-food, Zach Braff arrive à se détourner des plus énormes clichés. On peut aussi citer la scène de l’enterrement du rat et la confession qui va avec. Celle auprès du feu. Zach Braff ne cède à aucun chantage émotionnel.

Et il y a cette rencontre – le noeud de l’intrigue – avec cette fille un peu délurée (Natalie Portman). Comme notre héros, elle cache ses tourments. Mais son excentricité apporte un peu plus de lumière encore à un film qui ne manque décidément pas de charme. Une histoire d’amour naît, qui tarde à se dessiner vraiment. Zach Braff, en bon élève, s’attache à peindre d’abord les contours, avec soin, laissant aux spectateurs un certain doute sur la matérialité de l’union de ses personnages. Bien sûr, on sait qu’il s’aiment mais on voit bien aussi qu’ils n’arrivent pas à se le dire. Les scènes finale fonctionnent alors à plein et on sort comme émerveillés et plein d’espoir. C’est le miracle de ce film. Un film touchant car infiniment sincère, honnête et traité, de part sa mise en scène, avec un talent indéniable.

B.T


Garden State – Note pour ce film :

Sortie française le 20 avril 2005

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