Wes Anderson est un vrai grand cinéaste. Son œuvre n’est pas forcément simple à appréhender. Faut-il s’attendre à rire aux éclats ? Non mais ces films sont bien plus subtil que cela.
Wes Anderson à fait de Bill Murray la figure récurrente de son cinéma (on le retrouve dans ses deux films précédent Rushmore et La famille Tenenbaum). Et Bill Murray incarne à merveille cette sorte de nonchalance du cinéma de Wes Anderson. Ce cinéma là n’est pas spectaculaire mais minutieux.
Wes Anderson huile à merveille une mécanique particulièrement précise. Le rire se situe dans le décalage parfaitement amené par Anderson. Wes Anderson est un cinéaste du décalage.
Il est nécessaire d’avoir un œil attentif à toutes les petites trouvailles que le cinéaste égraine dans son récit.
En l’occurrence, La Vie aquatique est une pure merveille et d’une inventivité folle. Rien que pour toutes ces créatures sous-marines sortis de l’imaginaire du cinéaste, le film est éblouissant.
Mais cela va bien au-delà. Il y a des plans proprement magiques comme cette coupe du navire ou la séquence finale, d’une beauté et d’une poésie intense.
La vie aquatique est un film très simple mais richement élaboré. On fera sûrement des livres du travail de Wes Anderson, on l’étudiera dans les écoles de cinéma. Car en effet, derrière cette apparente simplicité, il y a un travail énorme, soigné, intelligent. Wes Anderson découpe ses plans avec une profonde acuité visuelle. Ce type à un compas dans l’œil. Et cette précision, cette géométrie constante, n’est pas gratuite.
Il faut regarder comment Anderson fait évoluer ces personnages à l’intérieur de son cadre pour comprendre ce qui se joue entre eux. Une image en dit souvent bien plus long que les discours. Le calme apparent dissimule un tumulte. Anderson joue avec l’attention du spectateur, travaille le son autant que l’image. Et toutes ces idées lumineuses et fantaisistes qui jalonnent l’intrigue, font de cette œuvre, un chef d’œuvre enchanté.
Benoît Thevenin
Sortie française le 9 mars 2005
