Tatarak d’Andrzej Wajda (2009)

Krystyna Janda raconte en monologue dans une chambre d’hôtel la fin de la vie de son époux, Edward Klosinski, chef opérateur des films d’Andrzej Wajda. Krystyna s’apprête aussi à tourner dans le nouveau film de Wajda, intitulé Tatarak

Un an après le marquant Katyn, un film très personnel pour le cinéaste puisqu’il évoquait le massacre dans lequel son père trouva la mort, Wajda continue d’explorer le registre de sa propre intimité à travers ce film tout à la fois beau, troublant, hypnotique mais aussi un peu maladroit dans sa conclusion.

La première séquence, à l’intérieur de la chambre d’hôtel, est particulièrement plombante. Le plan est fixe, l’image superbement composé, et la très belle Krystyna Janda évoque en monologue les souffrances de son mari avant sa mort. Le ton est cependant apaisé, de par la voix de Krystyna, parce que l’actrice est fascinante par sa beauté, et parce que la musique nous transporte vers quelque chose de quasi onirique. Le trouble commence à naître déjà et ne nous abandonnera jamais.

La mise en scène est élégante, lumineuse, mais les ressors de l’histoire sont particulièrement sombre. L’ambivalence se ressent à travers ce que vit Krystyna, bientôt séduite par un jeune homme, qui revit grâce à lui le charme des premiers émois amoureux, mais dont on apprend dans le même temps qu’elle est gravement malade. Le film est d’autant plus étrange et déstabilisant que Wajda construit son film en direct, à l’intérieur même du film, selon une logique de mise en abîme que l’on a parfois du mal à saisir. On ne sait pas toujours comment se situer par rapport à la narration. Les acteurs jouent ils une scène du film dans le film ou vivent-ils en marge du tournage qui a lieu à l’intérieur du récit ? Le dispositif atteint clairement ses limites en toute fin du métrage, avec une séquence de noyade étonnante, presque inconcevable, dont on ne sait finalement quoi penser.

Wajda offre un film sans doute peu accessible tant il lui est personnel. Le cinéaste est en quête de ses souvenirs passés, cherche à retrouver ses proches disparus. Le film est mélancolique et sensible  mais nous laisse à des impressions trop contradictoires et contrastées et qui finalement nous déçoivent.

Benoît Thevenin


Tatarak – Note pour ce film :
Sortie française le 17 février 2010

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