Inspiré de personnages réels et d’une histoire qui défraya les chroniques américaines à la fin des années 70, Savage Grace est un film trop sage pour être intéressant.
Le film baigne d’abord dans une ambiance de film noir. Nous sommes à la fin des 50’s et un couple de la haute bourgeoisie américaine s’apprête à sortir. Le petit Tony, tout juste né, est confié à la garde de sa grand-mère. D’une ellipse à l’autre, dans des décors qui ne cessent d’évoluer (on passe de NY à l’Europe), cette famille bien sous tous rapports commence à se déliter, dans un processus irréversible.
Paris 1959, Tony encore jeune enfant, se découvre attiré par les garçons. Cadquès 1967, sa rencontre avec la sublime Blanca (Elena Anaya) ne le bouleverse que timidement. Il préfère Jake (Unax Ugalde). Un an plus tard à Majorque, ses parents sont séparés, le père est parti avec Blanca. Barbara, la mère (Julianne Moore), essaye de sauver les apparences et rester une figure mondaine. Tony (Eddie Redmayne) s’est éloigné de son père mais noue avec sa mère des rapports ambigus incontrôlés qui provoqueront sa perte.
Savage Grace verse dans une ambiance trouble et donne à l’ensemble une impression de fragilité. En cela, toute la perception du film est contenue dans le jeu vaporeux de Julianne Moore. Tom Kalin construit son intrigue comme une étude de mœurs mais la mise en scène, quoique soignée, reste classique et ne permet pas de distiller la moindre émotion.
Benoît Thevenin