Daybreakers de Michael et Peter Spierig (2010)

Etonnamment, Daybreakers commence presque exactement comme Trueblood, l’excellente série crée par Alan Ball pour HBO d’après les romans de Charlaine Harris. On devine une humanité forcée de cohabiter avec les vampires, des débats de société animent les télévisions et certains vampires se nourrissent d’un substitut de sang de sang humain… La ressemblance avec Trueblood est flagrante mais ne s’impose que le temps de deux ou trois minutes, durée suffisante pour que l’histoire s’affranchisse naturellement de cette première balise.

Daybreakers n’a pas la prétention de renouveler le genre du film de vampire mais n’en demeure pas moins une excellente surprise, d’autant plus appréciable qu’elle nous était inattendue. Les frères Spierig ne sortent pourtant pas de nulle part, auteurs en 2004 du savoureux Undead, comédie gore aux lisières de la série Z, réalisé chez eux en Australie, et qui a eu son petit succès d’estime. L’honnête réussite du film a validé leur ticket pour Hollywood, d’où ce casting assez excitant avec Ethan Hawke, Willem Dafoe et Sam Neill en tête d’affiche. Et cette distribution a vraiment valeur de gage, tant Ethan Hawke, surtout lui, est un acteur assez discret et qui choisit généralement bien les projets sur lesquels il s’engage.
Cette caution qu’il apporte ne sera pas gâchée. Daybreakers est un film sérieux – bien plus sérieux qu’Undead – et intelligemment mené. Les frères Spierig ont quelques idées en réserve, notamment dans la construction des scènes d’action, qui vont faire tout l’intérêt du film.

Toute l’histoire se construit en rapport étroit avec le soleil, à la fois arme contre les vampires, et clé de l’énigme que se pose le personnage joué par Hawke, vampire lui-même mais attaché à la préservation de la vie des humains. Le soleil en tant qu’arme, cela permet aux cinéastes de nous offrir au moins une séquence de poursuite plutôt inédite et diablement efficace et excitante. Le groupe de héros du film est pris en chasse par une troupe de vampires policiers qui n’hésitent pas à tirer sur la voiture. Ce sont moins les balles qui représentent alors un danger que les rayons du soleil qui s’infiltrent et menacent de découper le vampire dans le véhicule. D’autres très bonnes idées émaillent une intrigue généreuse, plus proche du récit de science-fiction que d’un univers fantastique.

Daybreakers n’est quand même pas sans défaut, qui souffre sans doute d’un budget trop limité. L’esthétique générale du film est plutôt cheap et les effets spéciaux pas toujours très convaincant non plus. Reste que ce budget est simplement à la hauteur de ce que le film représente finalement : une honnête série B, ambitieuse mais pas prétentieuse, qui assimilent intelligemment ses références (notamment Romero), et remplit haut la main sa mission de divertissement. Daybreakers est sans doute destiné à entretenir un petit culte dès lors qu’il sera sur le marché vidéo. Il mérite en tout cas d’être découvert et montré aux copains.

Benoît Thevenin


Daybreakers – Note pour ce film :
Sortie française le 3 mars 2010

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Aucun commentaire sur “Daybreakers de Michael et Peter Spierig (2010)”

  1. Foxart dit :

    Je rêve de le voir mais, comme d’hab’ toujours pas de sortie lilloise en vue et encore moins en VO… Le cinéma d’horreur subit ces dernières années un véritable boycott des compexes type UGC et est totalement méprisé par le circuit art et essai.
    Il devient désormais presque impossible de voir les films autrement qu’en les piratant sur le net…

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