Depuis deux ou trois ans, à chaque festival, on entend parler de l’émergence d’une nouvelle place forte du cinéma mondiale en Malaisie. Par manque de chance, on tombe systématiquement sur les mauvais films…
En attendant de découvrir un jour The Elephant and the Sea de Jin Woo Ming, Love Conquers All de Tan Chui Mui, ou encore Sell Out de Han Yeo Joon, qui chacun est précédé d’une bonne rumeur que l’on aimerait vérifier, il nous faut subir une purge comme My Daughter, du genre qui finirait par nous dégouter pour longtemps du cinéma malaisien.
Charlotte Lim montre la relation conflictuelle entre une fille de 18 ans et sa mère un peu folle qui l’a élevée seule. Le métrage est déjà plombé par la laideur de l’image betacam, d’autant plus insupportable quand le film est découvert dans des conditions normales de cinéma, sur grand écran. Pour autant, on note très bien la volonté de la réalisatrice de composer ses plans et de soigner sa mise en scène. Le découpage n’est pas inintéressant non plus.
Seulement, cette chronique de deux personnages marginaux en quête de reconnaissance et d’émancipation ne dépasse jamais le cadre de l’anecdote futile et inutile dans laquelle elle est engluée. Le film n’évoque semble t’il rien, sinon le quotidien morne et insignifiant des deux femmes. My Daughter parait difficilement supportable, malgré sa durée courte (1h10), tant rien ne nous accroche, rien ne nous affecte, rien ne nous entraîne nulle part, sinon vers une conclusion inéluctable et brutale, attendue tant on se doute que la réalisatrice n’a aucune solution pour mettre fin au calvaire de chacun.
My Daughter a cependant reçu le prix de la critique à Deauville. Vous n’avez alors pas de mal à imaginer que l’on ne comprenne rien à cette attribution. Visiblement, le film nous a complètement échappé.
Benoît Thevenin