Avec Head-on et De l’autre côté, Fatih Akin s’est imposé comme un des cinéastes européens les plus sûr et les plus intéressant, à même de séduire le grand public, et qui a les faveurs des cinéphiles et de la critique. Par rapport à l’ambition que pouvait constituer De l’autre côté, Soul Kitchen ne semble pas faire le poids. Le cinéaste s’est autorisé une récréation, a sûrement pris un plaisir fou à faire ce film tant l’énergie qui passe à l’écran se transmet chez le spectateur. Le projet est peut-être plus humble, plus léger, mais Fatih Akin n’a pas galvaudé son talent pour autant.
Soul Kitchen a du sens dans le contexte économique qui est le notre en ce moment, mais qui ne se laisse pas contaminer par l’ambiance morose qui colle à cette époque. Au-delà des problèmes qui se posent au héros, Akin impose une légèreté, réussit à nous faire sourire et même rire.
Quiconque à déjà vu un film de Fatih Akin sait que la musique tient une place particulièrement importante dans son travail. Il a même une image de cinéaste rock qui n’est vraiment pas usurpée. Le rock n’est cependant pas emblématique de l’univers sonore de Fatih Akin, qui a toujours utilisé des musiques très différentes, et au delà du rock : blues, soul, pop, standard turcs. Il a même consacré un documentaire consacré aux sons d’Istanbul, Crossing the bridge.
En l’occurrence, la B.O de Soul Kitchen, un bonheur à elle seule, est bien sûr empreinte de soul, c’est dans le titre. Et le titre, c’est le nom bien sûr pas choisit au hasard, du resto tenu par le héros. Les guitares vibrent également. Le cinéma de Fatih Akin, a l’image des musiques qu’il utilise, ne se laisse pas figer dans une ambiance et dans une direction unique. Le cinéma de Fatih Akin bouillonne, est chaleureux, explore les sentiments sans sentimentalisme. Tout est plus feutré, tout se mélange en cohérence et selon un parfait équilibre aussi. Cet élan qui parcoure le film, Fatih Akin nous le procure aussi.
On est attendrit, on s’amuse et on prend beaucoup de plaisir. Soul Kitchen, c’est une vraie bouffée d’air pure. On a diable envie de gouter à la bonne cuisine de Fatih Akin, qui avec quelques produits pas forcément tous très frais, mais bien cuisinés, bien présentés, et avec de très bonnes idées, nous offre un plat de gourmet.
Benoît Thevenin
Filmographie sélective de Fatih Akin :
1998 : L’Engrenage
2000 : Julie en juillet
2002 : Solino
2004 : Head-On
2005 : Crossing the bridge (doc)
2007 : De l’autre côté
2009 : Soul Kitchen
Soul Kitchen – Note pour ce film :
Un film rafraîchissant comme on dit aujourd’hui, un film où la légèreté ne veut pas dire manque de profondeur. Tout ça est très bien interprété. J’adore Moritz Bleibtreu (qui devrait normalement jouer dans le prochain film d’Eric Vallette avec Albert Dupontel et Alice Taglioni… j’ai mes sources…). Un film