L’Immortel de Richard Berry (2010)

L’Immortel est déjà le quatrième long-métrage mis en scène par l’acteur Richard Berry. Les deux dernières tentatives, la comédie Moi César, 10 ans 1/2, 1m39 et le thriller La Boîte noire, s’étaient avérées chacune dès plus navrante… Ca n’augurait rien de bon pour L’Immortel, polar marseillais imaginé à partir d’un roman du journaliste au Point Franz-Olivier Giesbert, lui même inspiré par l’histoire de Jacques Imbert, fameux parrain du crime marseillais.

Comme pour La Boîte noire, Richard Berry dispose de moyens importants et se fait plaisir à jouer comme un gosse avec sa caméra. La réalisation est nerveuse, pas totalement inintéressante, mais Berry ne peut s’empêcher d’essayer de faire style et de verser dans le tape à l’oeil, ce qui est assez irritant. Au-delà des effets d’esbroufe, Richard Berry réussit un film quand même bien rythmé et efficace, assez violent pour surprendre, mais pas trop non plus pour ne pas révulser les plus sensibles. Certaines scènes d’action sont ratées (affreux découpage dans la grande scène de poursuite), d’autres relativement cinglantes (la scène dans le parking au début, le tabassage d’un ami de l’Immortel aussi).

Assez clairement, Berry lorgne du côté de la French Connection et du Parrain, même s’il ne se hisse pas aussi haut que ces références. La volonté d’employer des acteurs contre-emploi est une vraie limite. Kad Merad n’est absolument pas crédible en parrain bégayant (pourquoi le faire bégayer d’ailleurs ?) et son personnage ne risque pas de faire de l’ombre à Don Corleone. Le fait qu’il bégaye confère en plus à quelques scènes un ton proche du nanar… Marina Foïs en fliquette intègre et courageuse s’en sort elle beaucoup mieux.

Autre interrogation : le personnage que Berry s’est attribué dans le film… Son importance est très relative et Berry pas impressionnant pour un sous malgré qu’il joue au caïd.

Heureusement, le film est malgré toutes ses maladresses très bien mené, avec un Jean Reno qui, s’il n’est pas impérial, tient la baraque et heureusement. La bonne bouille de Max Baissette de Malglaive, l’enfant découvert auprès de Guillaume Depardieu dans Versailles de Pierre Schoeller (puis revu dans le navet de Steve Suissa, Mensch), est cette fois encore très attachante. Selon l’aveu de Richard Berry, le gosse n’a pas tous les jours été facile à diriger, mais il constitue une des meilleurs surprises du film. Il n’est pas seulement attachant : les plus belles scènes du film, les plus intenses, sont celles dans lesquelles il se retrouve menacé.

S’il le résultat global est très inégal, la balance de L’Immortel penche quand même du bon côté. On s’attendait à bien pire et au final, on estime pas le film raté, plutôt maladroit pour pleins d’aspects déjà décrits (on note aussi, par exemple, ce plan assez stupéfiant ou Philippe Magnan remet droit la photo du Président Sarkozy, pour ce qui se ressent comme une révérence de Richard Berry envers Nicolas Sarkozy…), mais honnête, assez bien écrit, qui nous maintien en haleine et est assez généreux pour que l’on se satisfasse de ce que l’on a vu. Une assez bonne surprise donc. Berry progresse en tant que cinéaste, ce qui n’était pas tant attendu que ça avant de voir le film…

Benoît Thevenin

Filmographie de Richard Berry (réalisateur) :

2000 : L’Art (délicat) de la séduction
2003 : Moi César, 10 ans ½, 1m39
2005 : La Boîte noire
2010 : L’Immortel


L’Immortel – Note pour ce film :

Sortie française le 24 mars 2010

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3 commentaires sur “L’Immortel de Richard Berry (2010)”

  1. selenie dit :

    Tout à fait d’accord avec toi… On est clairement dans un polar des plus classiques. En ce qui concerne la violence, ce film n’est pas plus violent que la plupart des polars et autres films d’actions américains donc stop. Jean reno trouve ici son meilleur rôle depuis longtemps (très longtemps). Les seconds rôles sont aussi bons, sauf Kad Merad qui parfois en fait trop, ou surtout ne semble pas à l’aise. Marina Foïs apporte une bonne dose d’émotion. L’enquête qu’elle mène en parallèle est intéressante et donne du corps au film. On est déçu par quelques erreurs grossières comme le fait qu’il puisse conduire une moto alors qu’il a une main paralysée, ou que la doublure de Jean Reno sur cette même moto est clairement d’un gabarit plus petit que la star. Autres erreurs ridicules : un directeur d’enquête qui va bosser tous les jours à son bureau en tenue d’uniforme et qui plus est un contrôleur général ?!!!!! Incroyablement faux, impossible et surréaliste !

  2. Foxart dit :

    Ahhh, bon… ça a pourtant l’air très très mauvais, je trouve.
    Et je trouve le tandem Berry/Reno très maladroit pour vendre le film en promo télé…

  3. Margarita dit :

    je crois que je me suis endormie devant moi … faudrait que je le regarde a nouveau. Je n’ai pas trouve qu’il etait tres violent en tous cas.
    Et au fait, Jean Reno tient TOUJOURS la baraque :)

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