Tout ce qui brille de Géraldine Nakache et Hervé Mimran

Alpe d’Huez 2010/Prix « coup de coeur » du Jury et Prix du public

Pendant que les spectateurs se comptant déjà en millions se pâment devant L’Arnacoeur, comédie pas méchante mais pas géniale non plus, il y a un autre film qui affiche bien davantage de promesses et soulage la comédie française de la grande médiocrité dont elle est la victime consentante depuis bien longtemps (à quelques exceptions près).

La bonne nouvelle, c’est donc Tout ce qui brille, première (co)réalisation de Géraldine Nakache et Hervé Mimran. Les deux s’étaient rencontrés sur le tournage de Comme t’y es belle ! de Lisa Azuelos (2006). Géraldine Nakache effectuait dans ce film, co-scénarisé par Hervé Mimran, ses premiers pas d’actrice sur grand écran. Elle n’était alors pas une inconnue. Depuis le début des années 2000, alors que la Star Academy commençait de sévir sur TF1, la chaîne Comédie ! diffusait en parallèle la Starloose Academy, parodie souvent hilarante. Dans la troupe, au moins deux figures maintenant très connues, Géraldine Nakache et Manu Payet, en couple à la ville (soupire…) et partenaires à l’écran, encore, dans Tout ce qui brille.

Dans la Starloose Academy, les deux comédiens faisaient valoir leur potentiel comique, leur talent de dérision et d’auto dérision, et un sens de l’imitation parodique souvent sympa.
Tout ce qui brille commence justement par une séquence dans laquelle, au pied de leur tour HLM à Puteaux, Ely (Géraldine) et Lila (Leïla Bekhti), concourent à quelques imitations. Le téléphone qu’elles ont dans leurs mains (Iphone), le sens du sketch qu’elles improvisent (elles jouent aux divas interviewées sur tapis rouge), dans le contexte de ce bas d’immeuble de cité en banlieue, permet immédiatement de mesurer le décalage dans lequel elles se trouvent. Elles sont jeunes, jolies, et ont le droit autant que quiconque de s’amuser et de rêver être des princesses.

En vivant à Puteaux, elles sont à 15 minutes de Paris. Comme l’une d’elle le dit à un moment donné dans le film, elles ne veulent pas rester éternellement coincées à 15 minutes de leurs vies. Leurs fantasmes sont peut-être puériles, symptomatiques de la pression qu’exerce la société en terme d’image qui serait nécessaire de renvoyer. Et alors ? Les paillettes ca peut être attirant et c’est bien ce monde de princes et princesses qu’elles rêvent de pénétrer.

Un joli sourire ne suffit pas pour rentrer au Baron… Si tu n’es pas sur la liste, si tu n’es pas un authentique VIP, cherche pas, tu ne rentreras pas. Ok pour le Baron, mais la nuit Parisienne est pleine de surprise et de rencontres qui valent ce qu’elles valent…

Malgré ce qu’il est possible d’entrevoir a priori, Tout ce qui brille n’est surtout pas un film de pétasses. Géraldine Nakache et Hervé Mimran ont réalisé une vraie comédie, grâce à laquelle on rit beaucoup et passe un super moment, mais aussi un beau portrait de deux jeunes filles emblématiques de leur temps. La complicité entre Leïla Bekhti et Géraldine Nakache fait des étincelles, il y a une véritable alchimie entre elles. On pourrait les croire soeurs, effectivement, pour faire référence à un épisode-gag dans le film. Tout ce qui brille est aussi un délicieux portrait de leur amitié. Si le film est vraiment réussit, c’est parce que oui les deux héroïnes sont deux petites pétasses qui se rêvent grandes connasses… Mais leurs aventures dans la nuit parisienne vont bouleverser l’équilibre qui est le leur à la base. Elles vont recevoir en pleine face le revers de la médaille, se rendre compte de façon cinglante à quelles point la superficialité et les seules fantasmes ne mènent pas à grand chose.

De fait, Tout ce qui brille n’est pas seulement un film drôle. Il sait aussi être grave, prendre de la distance et de la hauteur par rapport à son point de départ. Le film est également touchant, profondément sincère, et surtout pas naïf. Tout ce qui brille recelle de petites trouvailles, de jolies scènes qui invitent à une véritable empathie pour elles. Les claques qu’elles reçevront, elles seront salutaires, nécessaires, pour que l’on concerve jusqu’au bout notre attachement. Elles sont tellement imparfaites et invivables pour leurs proches que l’on reconnait forcément en ces deux filles, celles avec qui on a grandit ou celles qui nous ont malmenées mais qu’on a aimé, toutes ces nanas dont on n’a jamais trop su les comprendre et que l’on a toujours eu peur de perdre ou souffert de perdre. Le film ne prend personne de haut, témoigne beaucoup de respects pour les uns et les autres, et ménage également beaucoup de surprises.

Tout ce qui brille est un véritable enchantement, un film bien écrit et qui bénéficie d’excellents dialogues, potentiellement cultes. Les comédiens, bien au-delà des deux héroïnes, sont tous excellents, Audrey Lamy (oui, soeur d’Alexandra) en tête, que l’on avait aperçue rapidement dans L’Arnacoeur, et qui est une vraie révélation ici. C’est beaucoup par elle que passent les scènes de comédies. On retrouve aussi Manu Payet, l’excellent Baron Nader Boussandel dans un petit rôle, mais aussi le merveilleux couple glamour Virginie Ledoyen/Linh-Dan Pham.
Si vous chercher un joli film pour vous faire du bien, alors certes vous pouvez aller voir L’Arnacoeur, on ne vous l’interdit évidemment pas, mais tournez vous prioritairement vers Tout ce qui brille. Djobi ? Djoba !

Benoît Thevenin


Tout ce qui brille – Note pour ce film :
Sortie française le 24 mars 2010


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10 commentaires sur “Tout ce qui brille de Géraldine Nakache et Hervé Mimran”

  1. Foxart dit :

    Ca me tente beaucoup, en effet… on le compare beaucoup à LoL (et un peu à Comme t’y est belle) dans les médias mais tout me laisse à penser que la parenté n’est pas évidente…

    J’espère, en tous cas, parce que LoL… quelle purge !
    Et Comme t’y es belle !… pouah !!!

  2. selenie dit :

    Je mettrais un bémol à une critique si dithyrambique… Puteaux n’est pas une cité terriblement sensible et est trop proche de Paris. Pourquoi avoir choisi des héroïnes adultes (normalement !) car le film manque de crédibilité ; comment peut-on être emmené par deux filles qui se chamaillent, parlent, réagissent comme des gamines pourries gâtées de 12 ans ?!?! Car dans ce film elles ont la vingtaine tout de même !… Ca casse la crédibilité mais surtout ça agace.

  3. Benoît Thevenin dit :

    Non je ne suis pas d’accord, elles ont rien à voir avec des gamines de 12 ans ! Les personnages ont même rien de pourris-gatés, ils se démerdent avec leurs moyens et pètent plus haut que leur cul pour des questions d’image et de prestige sociale.
    L’idée c’était pas non plus de montrer des filles venant de cités difficiles, mais des filles au mode de vie modeste, à l’écart de Paris comme on peut vivre en marge d’un monde qui nous est inaccessible. Elles sont à l’image de la génération star ac’, des filles qui rêvent de vie facile, de s’amuser etc. Elles sont vraiment emblématiques d’une certaine catégorie dans la jeunesse française, 20-25 ans, et je pense qu’il y a une différence entre être puérile et avoir 12 ans..

    @ Foxart. Lol je trouve pas ça si affreux. Comme t’y est belle par contre.. pouah !!! Cependant, c’est quand même différent et bien meilleurs et bien plus juste à mon avis que ces deux films. Lisa Azuelos est productrice exécutive sur le film je crois mais ca ne suffit pas à mes yeux à faire la comparaison

  4. selenie dit :

    Je n’ai pas parlé de puérilité… Car je suis d’accord il y a une différence avec l’âge… Et c’est là qu’est l’erreur pour ce film, car rien dans le film ne permet de dire qu’elles sont adultes à part leur physique. Si on fait abstraction de ça je suis d’accord que le film n’est pas complètement râté (j’ai mis moi-même 2 étoiles) mais ce petit détail m’a obligé à ne pas mettre plus.

  5. Benoît Thevenin dit :

    Non c’est moi qui parle de puérilité.
    Je trouve qu’elle font leur âge au delà de leur physique. Je ne perçois pas du tout d’incohérence à ce niveau.
    Elles sont puériles (et j’en connais beaucoup de 20-25 ans qui ne le sont pas moins), mais elles n’ont pas l’attitude de gamine de 12 ans non plus.

  6. Ariane dit :

    Je suis bien d’accord avec cette critique. J’ai vu Tout ce qui brille avant hier et L’Arnacoeur hier et j’avoue qu’entre les deux, mon coeur balance, avec quand même une préférence pour Tout ce qui brille.
    En passant, j’ai adoré Audrey Lami, la coach sportif. Une vraie révélation, et coincidence, elle joue aussi dans L’Arnacoeur un petit rôle.

  7. Axel dit :

    Ce film est une bonne surprise. J’y suis allé un peu à reculons, à dire vrai. Et puis je me suis laissé embarquer. Là où on peut tous se reconnaitre, c’est que ces filles en sont à un stade de leur vie où elles doivent faire des choix, des concessions, que peut-être leur vie va filer entre leurs doigts, qu’elles seront peut-être aveuglées par « tout ce qui brille »… En somme, un film sensible et drôle.
    (et je comprends enfin pourquoi tu pensais, Benoît, ça de Leila Bekhti, vu le rôle qu’elle a dans le film… et c’est vrai que j’ai été aussi bluffé par Géraldine Nakache…)

  8. Kenzo dit :

    Bonjour, j’aimerais savoir le titre de la chanson quand Lila & Max sont dans l’ascenseur.. Merci

  9. Bamboo dit :

    Je suis ravie que nous partagions le même avis. D’autant que cet avis venant d’un garçon pour un film connoté « superficiel-pétasse-girly » donne tout de suite plus de poids 😉

  10. Razigen dit :

    Blinded By the Lights – The Streets Elle est énorme !

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